L'astuce a de quoi faire pâlir d'envie n'importe quel opérateur économique occidental. Il est admis dans le monde entier que l'administration fiscale passe pour être «la bête noire» des entrepreneurs. Ces derniers vont, parfois, jusqu'à donner de gros salaires à des comptables chevronnés qu'on nomme «fiscalistes» dont l'une des principales fonctions est d'éplucher les législations pour permettre aux entreprises qui les recrutent de payer le moins possible. Dans les pays développés, les gouvernants, connaissant cette «nature» des industriels à chercher le profit, coûte que coûte, adaptent leurs lois fiscales, dans le sens de donner l'occasion aux hommes d'affaires de payer moins d'impôts, tout en faisant profiter la collectivité nationale de nouveaux investissements. D'où l'intérêt de «fiscalistes». En Algérie, l'économie de marché balbutiante, largement parasitée par l'informel, donne une belle «opportunité» à certains hommes d'affaires peu scrupuleux de payer un minimum d'impôts sans avoir besoin de faire appel à des spécialistes du domaine. Ainsi, la législation «très généreuse» de l'Algérie, en matière de fiscalité, semble quelque peu inopérante, tant que l'administration n'a pas encore une véritable maîtrise de la situation. Les propos du ministre concernant les entreprises algériennes qui ne remplissent pas leur devoir envers les impôts en témoignent. Cette incapacité à contrôler les grands contribuables amène ces derniers à «surfer» allègrement sur les dispositifs mis en place par l'Etat qui, en temps normal, ne devraient pas du tout les concerner. Il en est ainsi de l'emploi de jeunes qui se voit détourner au profit d'industriels qui, en une seule opération, bénéficient d'un abattement fiscal important, un financement conséquent sur le budget de l'Etat avec un échéancier souple assorti d'un taux d'intérêt ridiculement bas. De quoi faire pâlir d'envie n'importe quel opérateur économique occidental. Le hic dans tout cela est que le procédé est parfaitement légal, en l'absence de garde-fous législatifs. L'Etat va sans doute produire un texte de loi censé mettre de l'ordre dans cette anarchie qui risque, à terme, d'hypothéquer tout le programme de lutte contre le chômage des jeunes et sur lequel les plus hautes autorités du pays fondent un grand espoir. En effet, «l'astuce» des «investisseurs» a pour conséquence directe une plus faible création d'emplois, pour la simple raison que la microentreprise créée, prend le marché d'une vrai société qui, elle, «somnole» et ne produit, officiellement en tout cas, aucune plus-value. Résultat : les enfants de patrons enrichissent leurs pères et s'assurent un avenir doré.