Le procès des affaires de corruption impliquant les frères Benhamadi s'est poursuivi, hier, au tribunal de Sidi M'hamed par les auditions de témoins. Interrogé en tant que tel par le président de l'audience et le procureur de la République, Omar Benhamadi, incarcéré dans le cadre d'une autre affaire, a réfuté le fait que les anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal soient intervenus en faveur des frères Benhamadi en vue de leur attribuer d'indus avantages et des passe-droits au titre de marchés publics et des contrats conclus par les différentes SPA des Benhamadi. Ahmed Ouyahia a suivi le procès par vidéoconférence, depuis la prison de Abadla (Béchar) tandis que Abdelmalek Sellal et Abdelghani Zaalane étaient présents au banc des accusés. Le même témoin a été interrogé sur la SPA Gp Pharma, spécialisée dans l'industrie pharmaceutique et l'importation de médicaments. Prévu pour 2012, le lancement des travaux de réalisation de l'usine dans la zone industrielle de Sidi Abdallah (ouest d'Alger), en guise du siège de Gp Pharma, n'est intervenu qu'en 2015. Le juge a expliqué que cette Gp pharma a bénéficié d'un contrat de concession en 2011, ce qui lui a permis d'obtenir en 2015 des prêts bonifiés financés par le Trésor public à hauteur de 3%. Selon l'arrêt de renvoi, bien que la loi ne le permettait pas, l'assiette foncière obtenue grâce au contrat de concession accordé par la wilaya d' Alger, a servi au gérant de cette SPA, en l'occurrence le défunt ex-ministre de la Poste et des Télécommunication, Moussa Benhamadi, comme garantie des prêts accordés par trois banques publiques dont le CPA, la BEA dans le cadre du financement de la réalisation de l'usine, et lui a servi à obtenir des autorisations d'importation des médicaments. À ce propos, le témoin réfute l'intervention des deux anciens Premiers ministres en faveur de feu Moussa Benhamadi, patron de GpPharma. Le juge a précisé, citant le rapport d'expertise et l'arrêt de renvoi, que le taux d'avancement des travaux de ladite unité pharmaceutique, est de l'ordre de 55% en 2019. Alors que la contribution des banques au financement du projet ne devrait pas dépasser les 60%, le montant du crédit déclaré(599 milliards de centimes est supérieur à la valeur du projet (448 milliards de centimes), a-t-il soutenu. Interrogé à ce propos, Omar Benhamadi a répondu que «cela est dû au fait que la politique de l'industrie pharmaceutique a subi des changements à plusieurs reprises, tout en niant toute obtention d'avantages par cette société. Ce témoin est également entendu dans l'autre affaire ayant trait à deux contrats de commandes de téléphones portables et de tablettes, conclu en 2015 et en 2016 avec avenants, entre le groupe Condor et l'opérateur public de téléphonie mobile, Mobilis. Les pertes occasionnées à Mobilis par ces contrats s'élèvent à 54 milliards de centimes. Tout en niant l'intervention indirecte de Abdelmalek Sellal auprès du P-DG de l'époque, de Mobilis, pour le règlement des factures du fournisseur(Condor), le témoin ajoute que d'autres entreprises étrangères ont également conclu des contrats de commandes de ce genre avec Mobilis. Interrogé par le président de l'audience dans le cadre du financement occulte de la campagne électorale de l'ancien président déchu, Omar Benhamadi n'a pas de réponse. Le montant levé pour les besoins de la campagne au groupe Condor est de l'ordre de 5,8 milliards de centimes, rappelle le juge. S'agissant du retard accusé par la réalisation d'un centre dédié aux brûlés à Skikda et du projet de réalisation de 200 villas dans la même wilaya, il a répondu qu'il est dû à la délocalisation du projet.