A l'occasion de la Journée mondiale du théâtre, la radio locale (Tilimsan Al Djihawiya) a organisé une véritable journée d'étude intitulée: Théâtre et société. Le débat retransmis en direct, le 27/03/2006 a vu la participation de spécialistes du théâtre tels que Habib Boukhlifa, Bloud Otmane, le docteur Abdelkrim Benaïssa et d'acteurs très connus sur la scène publique comme Mohamed Adjaïmi héros de El Badra, le feuilleton du mois de Ramadan, et Rachid Djourourou. Dès l'ouverture de cette table ronde Aïssa Benhachem, le directeur de la radio, en lisant le message international, a donné le ton du débat: «Tous les jours devraient être des journées mondiales du théâtre, car au cours des vingt derniers siècles, la flamme du théâtre est toujours restée allumée dans quelque recoin de la Terre. Depuis toujours, on annonce la mort du théâtre, surtout depuis l'émergence du cinéma, de la télévision et des nouveaux médias. La technologie a envahi la scène et écrasé la dimension humaine. On a expérimenté un théâtre visuel proche d'une peinture en mouvement, qui a repoussé la parole. Il y eut des oeuvres sans paroles, ou sans lumière ou encore sans acteur, avec seulement des mannequins et des marionnettes installés sous des jeux de lumière. La technologie a essayé de transformer le théâtre en feu d'artifice ou en spectacle de foire. Cette profession de foi de Victor Hugo, Raslow, Baudu, dramaturge, se termine par cette note de vérité «Il faut faire vivre le théâtre pour comprendre ce qui nous arrive, pour transmettre la douleur qui est dans l'air mais aussi pour entrevoir une lueur d'espoir dans le chaos et le cauchemar quotidiens». Bloud Otmane parla de la construction théâtrale et de la scénographie et arriva à la conclusion que le théâtre est un travail d'équipe. Boukhelifa Habib dira qu'il faut donner la vie à un texte, mais nous n'avons pas de réalisateurs de métier qui doivent réfléchir, ce sont des penseurs. Il n'y a pas d'école de réalisateurs. Il faut orienter toutes les recherches vers la société. Il ne faut pas faire comme la poule qui a voulu imiter la démarche de la perdrix (hadjla) et a oublié sa propre marche. Mohamed Adjaïmi, qui était la star de cette matinée dans le nadi de la radio, a pris la parole pour encourager les jeunes apprenants. Ce grand acteur très modeste a cité les anciens acteurs du théâtre radiophonique du passé tels que Abdelkrim Guitari, Mohamed Ouniche, Kechroud, Ali Abdoun, Mohamed Boufeldja. Profitant de la pause café, nous avons discuté avec les animateurs de cette table ronde. L'Expression: A quoi sont dues la faiblesse et la médiocrité dans lesquelles le théâtre algérien a sombré? Boukhelifa Habib: L'expérience humaine de l'acte théâtral est longue et difficile: naissance, évolution, une action permanente ininterrompue entre la société et l'homme. Aujourd'hui, la faiblesse de notre théâtre et sa médiocrité sont dues à la vision sociopolitique claire d'un projet de société et le désir de changement de l'empirisme à l'objectivisme dans la réflexion et la création, en un mot, le type de structure mentale doit changer en positivisme. Cette journée théâtrale a permis à de jeunes talents de prouver leur présence sur scène et de démontrer que le théâtre n'est pas mort à Tlemcen, ville réputée pour son penchant à l'andalou et au hawzi. L'émission hebdomadaire conçue par Abdelkrim Bennaïssa et réalisée par Benali Bekhchi a ainsi permis de sensibiliser les responsables de la culture sur la place à donner aux jeunes troupes théâtrales en leur prodiguant des conseils et fournissant des moyens. La directrice de la Maison de la culture s'est engagée à mettre à la disposition de ces jeunes acteurs la belle salle de conférence capitonnée, qui a reçu Sonia et son monologue et le Ballet national au mois de mars. En rendant un hommage solennel au poète de Tlemcen, Ibn El Khamis (XIVe siècle) qui a chanté la beauté de Tlemcen, les responsables de la culture sont en train de dépoussiérer les reliques et de prouver que la capitale des Zianides sortira de sa longue léthargie.