L'exposition nous fait voyager au coeur de la poterie sous ses différents modèles, motifs décoratifs et couleurs... La céramique japonaise est actuellement à l'honneur au Musée national des Beaux-Arts depuis mercredi dernier, jour du vernissage auquel ont assisté, l´ambassadeur du Japon, M.Kunio Shimizu, ainsi qu´un grand nombre d´artistes. Une exposition organisée par l'ambassade du Japon en collaboration avec le ministère de la Culture et le Musée national des Beaux-Arts. L'exposition nous fait voyager au coeur de la poterie traditionnelle des maîtres du Living national treasures et des oeuvres de poterie appartenant à l'association d'artisans japonais dont la production est d'un haut niveau mais encore celles de potiers affiliés à d'autres organisations d'expression libre qui s'expriment à travers une poterie traditionnelle moyenne. Cette exposition, nous indique-t-on lors du vernissage, comprend «soixante-cinq pièces réalisées au cours du XXe siècle par des artistes dont une quinzaine sont considérés comme des trésors nationaux vivants». Parmi les oeuvres présentées, on remarquera une grande variété de formes, de modèles, de motifs décoratifs et de tons. Des créations, notamment de Kitaoji Rosanjin, Sakaida Kakiemon, Matsui Kojel, Kamoda Shoji, Kato Kenji et Morino Hiroaki qui a conçu une oeuvre en forme de jarre décorée de nuages et de vagues. Bien que les pièces exposées soient toutes basées sur des techniques traditionnelles, les différences entre les potiers en termes d'approche conceptuelle sont telles qu'il n'a pas été aisé, nous indique-t-on, d'exposer une aussi large variété de poteries au sein de la même exposition. En effet, plusieurs poteries rivalisent en beauté et en esthétique. Avec le développement du travail de l'argile, les potiers ont essayé de développer des modèles avec des expressions abstraites s'inspirant des beaux-arts. Aux côtés des objets conçus selon des formes et des matériaux traditionnels, d´autres sont de tendance ancienne mais avec une touche moderne, notamment dans le design et la décoration, faisant d'eux de vrais objets d'art. Mais force est de constater que les puristes sont toujours là pour sauvegarder ces techniques traditionnelles millénaires. Cependant, ´´avec les développements contemporains dans le domaine de l´argile, on notera les tentatives faites par les potiers dans le champ de l´abstraction sur un pied d´égalité avec les arts plastiques´´, nous relève-t-on. Un sujet fort intéressant qui s'est poursuivi jeudi dernier lors d'une conférence animée par Mme Christine Waxweiler autour de «L´art céramique japonais: histoire et technique». L'oratrice soulignera ainsi que la production de la céramique reste importante au Japon et bien plus estimée qu´en Occident, prenant pour preuve les différents concours et prix, notamment celui du Trésor national vivant qui sont décernés chaque année. Elle fera remarquer aussi que la production industrielle de la céramique et celle de la poterie traditionnelle se côtoient aujourd´hui au Japon sans difficultés. Une façon de promouvoir la pérennisation des techniques aussi bien traditionnelle que moderne. Mme Christine Waxweiler dira qu'il existe deux tendances qui sont encore en vigueur actuellement au Japon. Il s´agit de celle défendue par le groupe Nihon Kogeikai qui continue à soutenir les valeurs traditionnelles et de celle du groupe Gendai Kogei Bijutsu Kyokai qui encourage les innovations d´avant-garde. La conférencière retracera le parcours de l'évolution de la céramique japonaise dont la période la plus marquante est celle du Kamakura/Muromachi avec l´apparition de tendances novatrices. Des formes plus élaborées et recherchées sont conçues, telles que le raku (bol à thé) qui prend toute son importance et dont la naissance est influencée par la cérémonie du thé. En effet, à cette époque, «les maîtres de thé passent commande directement au potier qui doit élaborer des pièces uniques», souligne-t-elle. Mme Christine Waxweiler évoquera les grands fours de cuisson qui font leur apparition à cette période dont les plus grands peuvent atteindre 40m de long sur 2,50 m de large. Durant la période des Kofuns, a-t-elle ajouté, la céramique japonaise connaîtra une profonde évolution, notamment dans les formes des objets et l´apparition d´une fabrication à usage purement culturel et artistique. D'autres périodes sont citées, on retiendra également la période Heian qui verra l´apparition pour la première fois des céramiques à pâte blanche, tandis que la période Meiji sera marquée par le déclin de la production de céramiques qui se limitent à des créations purement domestiques au moment où certains fours ferment. Un bel exposé qui nous renseignera à juste titre sur l'histoire du Japon à travers son mode de vie, sa culture et ses traditions. Aussi, il est utile de noter que cette diversité des styles, des modèles et des formes tels que manifestés par le passé, constitue évidemment une richesse pour les potiers contemporains et donc mériterait d'être considérée comme un précieux héritage à préserver. A découvrir jusqu'au 4 mai.