L'Algérie, qui ambitionnait de se positionner sur le marché européen, constate à ses dépens que hormis son gaz et son pétrole, ses produits hors hydrocarbures n'ont pas pu s'y imposer. Le bilan de 10 années d'échanges commerciaux confirme ce constat. Les chiffres sont éloquents. Entre 2005 et 2015 les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'Union européenne n'ont pas atteint 14 milliards de dollars tandis que les importations en provenance du continent européen, se sont élevées à 220 milliards de dollars. Un déséquilibre notoire. Fallait-il s'attendre à mieux? C'est ce qui était espéré, mais force est de reconnaître que l'Algérie n'était guère armée pour rivaliser avec un partenaire voire prétendre à mieux lorsque l'on connaît les dysfonctionnements qui caractérisent son marché intérieur, d'une économie dont la sphère informelle y est prédominante drainant plus de 40% de la masse monétaire en circulation. Comment faire valoir, mettre en concurrence dans ces cas-là des produits locaux, ne répondant pas aux standards internationaux avec ceux importés, souvent moins chers et normalisés? Le fiasco était devenu inévitable. Les statistiques l'attestent. «Sur 10 années, le cumul les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE n'a même pas atteint les 14 milliards de dollars alors que le cumul les importations s'est chiffré à 220 milliards de dollars avec une moyenne annuelle de 22 milliards de dollars», indique un rapport de l'agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) rendu public le 21 juin 2016. Mais il a par contre le mérite de faire la démonstration des errements d'une gestion économique prédatrice reposant sur la rente pétrolière. Les produits algériens, hormis ceux du secteur des hydrocarbures ou leurs dérivés ont du mal à faire leur trou sur le continent européen. «Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE sont passées de 597 millions de dollars en 2005 à 2,3 milliards de dollars en 2014 avant de baisser à 1,6 milliard de dollars en 2015», souligne le document de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur. Le secteur de l'agriculture que l'on tient pour un des fers de lance de cette économie créatrice de richesses toujours en gestation en a fait les frais. «S'agissant des exportations algériennes, les produits admis sous contingent (0% de droits de douanes) qui concernent les produits agricoles et agroalimentaires, il est observé une consommation quasi nulle», écrivent les rédacteurs du document d'Algex. Le même constat a été observé pour l'huile d'olive dont la qualité pourtant avérée pourrait lui faire une place au soleil sur le marché européen. Les pâtes alimentaires, le couscous, ont connu pratiquement le même sort alors que dans le même temps les importations de l'Algérie auprès de l'UE ont représenté une moyenne de 52% des importations globales du pays. «Elles sont passées de 10,7 milliards de dollars en 2005 à 29,7 milliards de dollars en 2014 puis à 25,3 milliards de dollars en 2015», avaient précisé les services d'Algex. Signé en 2002, entré en vigueur en 2005, l'Accord d'association Algérie-UE prévoit l'établissement d'une zone de libre-échange qui devait entrer en vigueur le 1er septembre 2020. Reportée, elle est conditionnée par sa renégociation. Cet accord «a été mal négocié à la base. À l'époque, l'Algérie l'avait ratifié avec une Europe de 15 membres. Aujourd'hui, ils sont 27 et seront encore plus nombreux dans quelques années», indique Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs. «Le partenariat Algérie-UE n'a pas tenu ses promesses pour l'Algérie», a fait remarquer de son côté Nadji Khaoua, professeur d'économie à l'université d'Annaba qui plaide pour une renégociation des «relations avec l'UE sur une base d'Etat à Etat». Le président de la République, dans cette optique, a confié au ministre du Commerce, Kamel Rezig, le soin de «procéder à une évaluation du dossier sur l'Accord d'association avec l'Union européenne». Cet accord «doit faire l'objet d'une attention particulière, faisant valoir nos intérêts pour des relations équilibrées», avait recommandé Abdelmadjid Tebboune. L'opportunité s'est présentée, hier.