Le rapport d'évaluation de l'Accord d'association liant l'Algérie à l'Union européenne sera validé et signé en mars prochain à Bruxelles. Le directeur de la coopération avec l'UE auprès du ministère des Affaires étrangères, Ali Mokrani, a affirmé hier, en marge d'un séminaire sur la diversification de l'économie et le programme de la pêche, que le Conseil d'association, présidé conjointement par la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, validera le document finalisé par les experts et hauts fonctionnaires. Il ne sera toutefois pas question d'une renégociation de l'accord tel que suggéré par les sorties très critiques des responsables algériens, à leur tête M. Lamamra, sur le flagrant déséquilibre que présente l'Accord d'association. «Il n'a jamais été question de renégocier ou de réviser l'Accord, mais d'utiliser pleinement son potentiel dans le sens des intérêts mutuels», a indiqué M. Mokrani, en notant que le document qui sera signé contient «des lignes directrices pour que les relations soient de plus en plus renforcées et apaisées». Ali Mokrani, réfutant le mot révision, préfère parler de «rééquilibrage des intérêts économiques, notamment sur la diversification de l'économie algérienne». L'ancien ministre du Commerce, Amara Benyounès, avait, rappelons-le, critiqué en 2014 «le déséquilibre structurel de la balance commerciale hors hydrocarbures de l'Algérie en faveur de l'Union européenne». Evaluant les dix années d'entrée en vigueur dudit accord, l'ancien ministre avait fait remarquer que l'effet escompté était loin d'être atteint pour la promotion des produits hors hydrocarbures et que les opérateurs économiques européens préféraient l'exportation régionale en causant l'érosion des préférences accordées à l'Algérie dans le cadre de cet accord. Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, lui emboîte le pas pour dire que l'Algérie est un grand associé de l'Union européenne, qui a de grands intérêts avec elle… «Ces intérêts doivent évoluer vers plus d'équilibre.» Suite aux alertes du ministère du Commerce qui avait plaidé pour l'impérative révision de l'Accord d'association, les autorités algériennes excédées par le manque à gagner sur les préférences douanières en faveur des produit de l'UE, avait même décidé, en février 2016, de suspendre les mesures de franchise de droits de douane avec l'UE et la Zone arabe de libre-échange (ZALE). Aujourd'hui, Alger semble mettre de l'eau dans son vin en bannissant le mot «fâcheux» de révision ou renégociation et en optant pour l'expression plus soft de «rééquilibrage des intérêts». «Nous sommes en train de travailler sur la prochaine programmation financière (2017-2020) qui viendrait accompagner les conclusions communes. Nous aurons ainsi réussi à remettre sur les rails l'Accord d'association», précise Ali Mokrani. Et d'ajouter que la diversification de l'économie est un enjeu pour l'Algérie et pour les relations bilatérales, d'autant plus que «le gouvernement est pleinement engagé, dans le cadre du nouveau modèle de croissance, à sortir de la dépendance aux hydrocarbures», rapporte l'APS. Le même responsable des AE affirme que l'énergie restera un secteur-clé dans la coopération avec l'UE, «mais nous voulons aller au-delà de ce secteur». Il cite à ce titre les secteurs de la pêche, la technologie, les ressources humaines, l'industrie et l'agriculture qui «font partie des grands axes que nous avons mis en place pour les développer en commun durant les cinq à dix prochaines années». En dix ans d'application, de l'Accord d'association, de 2005 à 2015, le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures avec l'UE n'a pas atteint 14 milliards de dollars contre 220 milliards de dollars d'importation, à raison de 22 milliards de dollars par an. Alors que l'accord avait pour objet de promouvoir les produits algériens hors hydrocarbures, les exportations de l'Algérie vers l'Europe sont passées de 597 millions de dollars en 2005 à seulement 2,3 MDS de dollars en 2014 et ont baissé jusqu'à 1,6 MDS de dollars en 2015. A noter aussi que le manque à gagner en droits de douane est de 700 milliards de dinars depuis 2005 du fait des dispositions de l'Accord d'association.