Les huileries ouvrent timidement pour accueillir les petites quantités d'olive récoltées cette saison. Comme annoncé par les prévisions, la récolte n'est pas très abondante cette année. Les quantités acheminées vers ces huileries n'augurent guère d'une saturation dans le travail comme la saison passée. L'on se souvient que les propriétaires des huileries ont dû aller à la recherche de travailleurs pour travailler en trois équipes afin de satisfaire la demande pressante. Cette année donc, une seule équipe y travaille selon un rythme très lent. Les clients ne se pressent pas aux portes des huileries. En effet, tardivement ouvertes, les huileries commencent à accueillir les récoltes. Questionné, un propriétaire d'huilerie industrielle affirme que cette année l'ouverture vise juste à satisfaire les familles qui ont récolté de maigres quantités. «Il ne faut pas abandonner ces olives même s'il n'y a que de petites quantités. Les gens, ici, ne laissent jamais leur récolte. C'est pourquoi j'ouvre pour les servir sachant que les recettes cette année sont presque nulles.» Pour leur part, beaucoup de citoyens abordés assurent que la récolte est presque nulle, mais il ne faut jamais abandonner. «Je récolte même si mes oliviers ne donnent qu'une graine d'olive. C'est malséant d'abandonner ses olives parce qu'ils n'ont pas donné assez», assure un vieil homme rencontré dans une huilerie à Makouda. «Je n'ai qu'un petit sac alors que l'année passée, j'en avais presque vingt. Mais ça ne m'empêche pas de le ramener à l'huilerie pour triturer. Cinq ou 10 litres d'huile d'olive et je remercie Dieu» explique-t-il. Relativement à l'année dernier, il devient évident que «comparaison n'est pas raison». La saison dernière, les services de l'agriculture de la wilaya de Tizi Ouzou ont évalué la récolte à 18,248 millions de litres d'huile d'olive. Des quantités énormes qui ont posé, par ailleurs, de réels problèmes vécus par ce secteur qui ne parvient, hélas, pas, à décoller. En effet, après la fin de la récolte, le silence règne toujours jusqu'à la prochaine récolte avec d'autres statistiques sans avoir, au préalable, expliqué la destination de la production. Les mêmes services ne répondent jamais à la question relative à la destination prise par ces quantités d'huile récoltées. Une certitude en tous cas: ces millions de litres n'ont pas été signalés dans les circuits commerciaux légaux locaux ou nationaux. À l'exception de quelques rares producteurs qui parviennent tant bien que mal à placer leur huile, sans label ni certification fiable à cause de l'absence du taux d'acidité sur les emballages, la production disparaît dans la nature. Aussi, malgré les effets d'annonce qu'elles revêtent chaque année, les statistiques n'ont jamais intéressé les petits producteurs qui ne sont autres que des familles qui récoltent leur bien qu'il vente ou qu'il neige. L'échec de parvenir à la commercialisation de l'huile d'olive dans les normes et standards internationaux édictés par l'OIC suit comme un signe indien ce produit noble. En fait, pour connaître la destination de cette production absente dans les marchés, il faut se rendre sur le terrain, loin des bureaux et des statistiques. Là, on se rend compte amèrement que la production qu'elle soit abondante ou avare des 450 huileries réparties à travers la wilaya est vendue dans des conditions d'hygiène lamentables et à des prix incontrôlés. L'on retrouve ce noble produit emballé dans des bouteilles en plastique rejetées par les autres industries sans aucun contrôle de qualité ouvrant la voie aux spéculateurs qui nuisent à la réputation de l'huile d'olive de Kabylie plus qu'ils ne la servent.