Un certain moment calmée, la contestation étant surtout le fait du mouvement citoyen, le front social risque fort de s'embraser dans un avenir très proche, à Tizi Ouzou. Pour l'heure, c'est l'éducation qui grogne. Après le Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation qui appelle à une grève générale à compter d'aujourd'hui, c'est le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), qui prend le relais. Ainsi, le Satef vient-il de déposer un préavis de grève auprès de la direction de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou. Dans ce préavis, le Satef informe que «la coordination de Tizi Ouzou, du Satef lance un appel à la grève illimitée dans le secteur de l'éducation et sur tout le territoire de la wilaya à compter de lundi 21 janvier...». Les revendications de ce syndicat, tout comme celles du Sete, affilié à l'Ugta, tournent principalement autour de l'annulation de la décision de centralisation de la paye des enseignants. Les syndicalistes trouvent la décision ministérielle pour le moins incompréhensible. Certains d'entre eux, approchés, vont jusqu'à affirmer: «C'est le seul service qui jusque-là, fonctionnait bien. Alors on a décidé de le «casser», peut-être pour créer un mouvement social !». Il est vrai que les enseignants, habitués à recevoir leurs émoluments lors de la première décade du mois, ne comprennent pas «l'utilité» de cette mesure pour tous: «Les enseignants s'attendaient à une révision de leur misérabilisme salaire et à un meilleur suivi de leurs dossiers administratifs, mais à la place, on a eu droit à ce... camouflet !». Pour l'administration de l'enseignement, la nouvelle méthode instaurée par le décret n° 1-232 du 9 août 2001, permet, en ramenant le nombre de centres payeurs de 4.000 à 48 (01 par wilaya), un meilleur contrôle et donc une gestion plus rationnelle des budgets affectés à cet article. A Tizi Ouzou, comme ailleurs, la mesure a généré un retard certain dans les opérations de virement des traitements. Des salaires jugés par tous comme dérisoires! Aussi, le Satef ajoute à sa revendication principale l'élection démocratique de la composante de la commission de wilaya des oeuvres sociales, ainsi que des solutions urgentes et accessibles pour essayer de régler le problème du logement. Comme il réclame la dotation de la wilaya en nouveaux postes budgétaires. Ainsi, la situation, déjà peu reluisante, s'annonce délicate pour le secteur. Les divers débrayages que comptent observer les syndicalistes vont encore compliquer les choses, déjà assez embrouillées. L'école, malade depuis longtemps, a-t-elle besoin de cette atmosphère? Les débrayages des enseignants, déjà réels, aussi bien à Boumerdès, qu'à Bouira, Blida ou encore Alger, vont-ils faire prendre aux responsables du secteur les mesures idoines, et reculer devant cette forme extrême de rejet, dans l'application de ce décret? Il est temps, semble-t-il, que l'on s'occupe de choses autrement plus sérieuses et, ce faisant, donner un coup de pouce à ce secteur. L'Algérie de l'an 2020 se prépare aujourd'hui, mais il faut croire que l'avenir nous semble si lointain...