Malgré l'accalmie apparente, les signes de malaise persistent sur le front social. Est-ce le calme qui précède la tempête sociale? La contestation syndicale marque une pause. L'opinion publique est plutôt portée sur le football. La fin du championnat, l'approche du Mondial, les confrontations qui s'annoncent chaudes entre la JSK, d'un côté, et les deux ténors égyptiens du Ahly et de l'Ismaïli, de l'autre, dans le cadre de la Champion's League africaine, sont autant d'ingrédients qui annoncent un été de fièvre footballistique. L'euphorie du football mettra en veilleuse toutes les autres préoccupations citoyennes. Toutes ou...presque. L'accalmie apparente cache mal la grogne de plus d'un million de travailleurs dans le secteur public. Le ton est donné par le Syndicat des travailleurs des impôts, de l'Inspection générale des finances, du cadastre et du Trésor, affiliés à l'Ugta. Ce syndicat pose le problème de l'absence d'un statut particulier pour les travailleurs. Lequel statut définirait les modalités d'avancement de leur carrière. Ce secteur de la Fonction publique compte 5600 inspecteurs pour 55.000 travailleurs. Actuellement, les inspecteurs sont désignés selon deux critères: le diplôme et l'ancienneté. C'est la fiabilité de ce procédé que le syndicat remet en cause. Il traduit, ainsi, la colère des employés, qui pourrait faire tache d'huile sur le front social. Pour le moment, les syndicalistes attendent l'intervention du Premier ministre pour assainir cette situation. Le cas échéant, ils risquent de durcir le ton. Dans le secteur de l'éducation, les enseignants font contre mauvaise fortune bon coeur. Ils ont gelé leur mouvement de contestation pour ne pas perturber le bon déroulement des examens de fin d'année. Et pour cause, les épreuves du BEM et du BAC se tiendront, respectivement, le 1er et le 6 juin. Selon le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest): «Nous ne voulons pas déstabiliser les élèves dans cette période où ils abordent les examens de fin d'année, surtout ceux qui préparent le BAC», a assuré, hier, Messaoud Boudiba, le chargé de communication du Cnapest, joint par téléphone. Cela dit, M.Boudiba a réitéré la détermination du Cnapest à boycotter la correction des copies du Bac. Le Syndicat national des travailleurs de l'éducation, pour sa part, menace d'observer une journée de grève le 26 du mois de mai en cours. Ce débrayage interviendra quatre jours avant l'entame des épreuves du BEM et 10 jours avant le Bac. C'est dire que les 500.000 employés de l'éducation sont toujours sur le front de la contestation. A la colère des enseignants s'ajoute celle de 30.000 medecins. Unis pour la revendication, l'Intersyndicale des enseignants et celle des praticiens s'attellent à mettre sur pied la Confédération des syndicats algériens (CSA), récemment créée. La CSA est, actuellement, constituée du Cnapest, de l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef), du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp) et du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). Ces quatre syndicats tiendront une réunion le 22 mai pour dégager les grandes lignes de la charte et du règlement intérieur de la CSA. Dans le secteur de la santé, les deux syndicats des praticiens tiendront leurs conseils nationaux vers la fin de ce mois. «Ce conseil portera sur l'évaluation de notre mouvement de protestation, l'analyse des problèmes liés au fonctionnement du secteur de la santé. Aussi, nous arrêterons la feuille de route de nos actions de protestation», a annoncé le Dr Lyès Merabet, président du Snpsp. Cependant, il n'a pas exclu le recours à la grève et aux sit-in en dehors de l'hôpital Mustapha-Pacha à Alger. Par ailleurs, près de 500.000 communaux ont décidé de débrayer le 16 juin prochain. Cela dit, le train de la colère marque une halte au quai des cheminots. Ces derniers ont arrêté leur mouvement de grève. Au demeurant, la locomotive sociale est loin d'être remise sur rails.