Un projet de loi prévoyant la possibilité de conditionner des déplacements ou l'exercice d'activités à la présentation d'un test de dépistage ou la réalisation d'un vaccin suscitait, hier, inquiétudes et indignation en France, le gouvernement niant pour sa part toute vélléité de créer un «Etat sanitaire». L'opposition de droite et d'extrême droite a alerté, hier, sur ce projet de loi, présenté la veille en Conseil des ministres par le chef du gouvernement Jean Castex pour instituer un régime pérenne de réponse aux crises sanitaires. Alors que la France prévoit de sortir en avril de l'état d'urgence sanitaire déclenché avec la pandémie de Covid-19, le projet de loi vise à «établir un cadre juridique durable face aux crises sanitaires», selon le gouvernement. Un article du texte prévoit que «le Premier ministre peut, le cas échéant (...) subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transports ou à certains lieux, ainsi que l'exercice de certaines activités à la présentation des résultats d'un test de dépistage établissant que la personne n'est pas affectée ou contaminée, au suivi d'un traitement préventif, y compris à l'administration d'un vaccin, ou d'un traitement curatif». Même s'il ne mentionne pas explicitement la pandémie de Covid-19, cet article a mis le feu aux poudres, alors que le président Emmanuel Macron a répété que le vaccin contre cette maladie, qui doit débuter à la fin de la semaine, ne serait pas obligatoire en France. «De façon sournoise, ce texte envisage non pas de rendre la vaccination obligatoire, mais d'empêcher toute vie sociale aux personnes qui ne le seraient pas», a affirmé la présidente du Rassemblement National (RN, extrême droite) Marine Le Pen dans un communiqué, en dénonçant une «mesure d'essence totalitaire». «Je croyais, naïvement, que dans notre patrie, le respect des libertés était la règle et ses restrictions, l'exception. Là, l'exécutif aurait tout pouvoir pour suspendre nos libertés sans contrôle du Parlement? Inconcevable», a réagi pour sa part sur Twitter le N.2 du parti de droite Les Républicains, Guillaume Peltier. Face à ces critiques la ministre de la Fonction publique Amélie de Montchalin a expliqué quele texte «n'est pas là du tout pour créer des pouvoirs exceptionnels pour le gouvernement» ou «créer un Etat sanitaire». «Il y aura bien sûr un débat, tout ce qui devra être clarifié le sera», a-t-elle assuré sur CNews. «Je le redis, la vaccination (contre le Covid-19) n'est pas obligatoire», a insisté le ministre de la Santé Olivier Véran. La France est un des pays d'Europe les plus méfiants face au vaccin.