Human Rights Watch a appelé, jeudi, à l'ouverture d'une enquête «rapide» et «impartiale» sur une frappe aérienne française sur un village dans le centre du Mali qui a coûté la vie à 19 personnes confirmés par des habitants locaux comme étant des civils, a indiqué un communiqué de l'ONG. «Les autorités maliennes et françaises ont l'obligation, en vertu du droit international, de veiller à ce qu'une enquête crédible soit menée de manière approfondie et impartiale», a déclaré Jonathan Pedneault, chercheur auprès de la division crises et conflits à Human Rights Watch. «Les forces maliennes et françaises devraient coopérer pleinement avec l'enquête en cours de la Division des droits de l'homme de la MINUSMA, notamment en fournissant les plans de vol et l'accès au site», assure HRW. Dans un communiqué du 7 janvier, la force «antiterroriste» française opérant au Mali a déclaré que l'attaque a été menée vers 15 heures par deux chasseurs Mirage 2000 qui ont lancé trois bombes sur «un groupe d'environ 40 hommes adultes», tuant une trentaine de personnes qui, selon elle, étaient des terroristes qu'elle «traquait depuis plusieurs jours». Une version démentie par une ONG locale qui rapporté le soir de l'attaque qu'une cérémonie de mariage à l'extérieur de Bounti avait été bombardée et que des civils avaient été tués. Human Rignt Watch précise, dans son communiqué, s'être entretenue avec trois habitants de Bounti, qui ont chacun indiqué qu'un mariage avait eu lieu. «Ils ont expliqué que le mariage avait été planifié plus d'un mois auparavant et que des personnes étaient venues d'autres villes et villages pour y assister», dit l'ONG, ajoutant «qu'un mouton avait été abattu et préparé dans le village et les femmes étaient sur le point de livrer le repas lorsque l'attaque a eu lieu». «Les autorités maliennes et françaises doivent aider à l'enquête MINUSMA en fournissant aux enquêteurs les journaux de vol, les coordonnées de tous les avions opérant dans la zone ce jour-là, et les renseignements qui ont conduit à l'attaque», indique HRW. L'ONG américaine assure que «les autorités françaises devraient enquêter sur la frappe, y compris sur le rôle joué par la chaîne de commandement», ajoutant que «si l'enquête détermine que la frappe est illégale, la France devrait indemniser les victimes civiles et leurs proches et envisager de réparer les dommages causés aux civils, indépendamment de toute constatation d'action illégale».