L'arrivée «imminente» du vaccin anti-Covid-19 n'est pas synonyme d'un soulagement citoyen face à cette terrible pandémie qui a figé la vie pendant une année. À la fois inquiets et angoissés, les Algériens subissent l'étrange phénomène du «syndrome de la deuxième dose». Le vaccin SputnikV choisi, sélectionné par l'Algérie, s'administre en deux étapes: après une première vaccination, la seconde doit intervenir dans les 21 jours qui suivent. Selon les dernières études scientifiques, l'efficacité de la première dose n'est que de 33% ce qui est loin d'assurer une immunité pour les personnes âgées. «Qui peut me garantir que j'aurai une seconde dose après la première?», s'inquiète ce retraité septuagénaire. Une inquiétude légitime quand on constate les énormes difficultés que rencontrent sur le terrain les pays même fabricant le vaccin et qui ont des systèmes de santé autrement plus performants. En France, pour ne citer que cet exemple, l'administration de la deuxième dose pose d'énormes problèmes aux autorités sanitaires de ce pays. En Algérie, le dernier «passif vaccinal» n'a pas encore été soldé. Qui ne se rappelle pas l'épisode du vaccin antigrippal? Retard dans la commande, rareté dans les officines, la campagne a été totalement bâclée et à ce jour il est rarement disponible dans les officines. Face à la détresse des citoyens âgés qui nous ont alertés sur l'indisponibilité de ce vaccin, nous avons interpellé, sur ces mêmes colonnes, le ministre de la Santé. Il a fini par réagir sans apporter une réponse claire au problème qui demeure en l'état. Chat échaudé craint l'eau froide. Avec cette confiance rompue, les motifs d'inquiétude ne manquent pas pour les citoyens. Ils ont toutes les raisons valables de craindre pour leur santé tant qu'ils n'ont pas reçu d'assurances. C'est aux autorités sanitaires d' apporter des réponses claires à cette préoccupation qui semble très sérieuse. Elle risque de faire capoter toute la campagne de vaccination. On aura alors perdu du temps, de l'argent et mis en danger la santé de citoyens. Le Conseil scientifique déroule un calendrier de l'opération de la vaccination tout en précisant s'il faut ou non caler un rendez-vous pour une deuxième vaccination. Comme cela a été le cas pour le suivi de la pandémie avec le docteur Fourar, ne faudrait-il pas désigner un «Monsieur vaccin» qu'il faut présenter aux Algériens? À lui de suivre et de communiquer selon une périodicité définie toutes les questions relatives au déroulement de l'opération dans les moindres détails et en toute transparence. Il va falloir également définir les catégories ciblées par ce vaccin. En plus des personnes âgées faut-il aussi vacciner en priorité des clusters? Ces derniers ont-ils été identifiés? En principe, le Comité scientifique doit être en possession d'une cartographie sanitaire avec ses reliefs «covidés». Faut-il imiter cette opération dans le temps? Qu'en sera-t-il des livraisons? L'objectif des autorités est d'atteindre une vaccination sur la base volontaire d'au moins 30 millions de personnes, soit 70% de la population. Une ambition jugée nécessaire par les experts pour bâtir une immunité de groupe. Mais est-ce que 30 millions d'Algériens vont accepter de se faire vacciner? Telle est la question qu'il faut se poser, à voir le scepticisme d'une frange de la population. En effet, il faut aussi prendre en considération toutes ces voies discordantes des vaccino-sceptiques. Il est légitime de douter d'un vaccin produit rapidement et sur lequel il n'existe pour le moment aucun recul. Autant d'entraves, d'interrogations et de questionnements qui interpellent les autorités sanitaires du pays pour qui les choses sérieuses commencent. Un ministère averti vaut un Etat. Le département du professeur Benbouzid est déjà sommé de déployer des trésors de communication pour passer ce cap sans dégâts. C'et la seule manière de reconquérir la confiances des Algériens qui est déjà un très grand challenge.