Au lendemain du sommet de N'Djamena ( 15 et 16 février), de présumés islamistes ont attaqué les régions centres du Mali et du nord du Burkina Faso. Du mercredi 17 au jeudi 18 février 2021, on répertorie plus de 18 pertes en vie humaine, suite à ces incursions djihadistes. Au Burkina Faso, les assaillants ont pris en embuscade des villageois se rendant dans un marché à Dolbel, au Niger, a indiqué le porte-parole du gouvernement dans un communiqué, faisant état de huit morts et neuf blessés. Les individus armés, «certainement des membres des groupes terroristes qui sévissent dans la région, se sont enfuis avant le déploiement des renforts», selon les affirmations de cette source. Au Mali, c'est au moins neuf personnes qui ont perdu la vie et plusieurs étaient portées disparues ou blessées dans une série d'attaques près de Bandiagara, ont indiqué des sources gouvernementales locales. Des hommes armés ont fait feu, mercredi soir, contre deux villages et ont pris d'assaut plusieurs bus. Suite à ces attaques terroristes au Sahel, les pays voisins se sentent menacés. Mali, Burkina, à qui le tour ? Les pays voisins prennent des dispositions à l'image de la Côte d'Ivoire qui a détaché des militaires à Kafolo au nord du pays. Pourtant à l'issue de la 7e Session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat du G5 Sahel s'est tenue à N'Djamena (Tchad), de grandes résolutions ont été prises. Le président tchadien, le Maréchal Idriss Déby Itno, tout fraîchement désigné nouveau président du G5 Sahel, a annoncé l'envoi de 1 200 soldats dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger) pour intensifier la lutte antiterroriste. Cette décision répond à la volonté des différents partenaires, notamment la France et ses alliés européens réunis au sein de la Force Takuba de mutualiser leurs forces pour décapiter les «forces du mal» qui oeuvrent dans la région du Sahel. Cependant, la lutte antiterroriste ne doit pas se limiter aux armes même si les chefs d'Etat, présents à al réunion de N'Djamena (Tchad), ont soulevé les questions portant sur la pandémie de Covid-19, la situation sécuritaire dans la région et l'annulation de la dette des pays membres. «Mais les résolutions ne concernent pas assez le développement» explique à Sputnik Ahmat Yacoub Dabio, président et fondateur du Centre d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme (CEDPE), dans une déclaration à sputniknewx.com. La jeunesse africaine d'aujourd'hui est désespérée, estime Ahmat Yacoub Dabio, car il y a de multiple problèmes, comme le chômage et le sous-emploi, le terrorisme, l'aspect sécuritaire, ainsi que le non-respect des droits de l'homme. Aussi, les résolutions sorties à l'issue du dernier sommet G5 Sahel ne représentent pas le cœur des actions nécessaires. De ce fait, l'enjeu est de contenir la menace djihadiste plutôt que de l'éradiquer. D'autant que le Sahel présente pour l'Europe un défi réel, aux portes de la Méditerranée. L'abandonner, face au risque sensible d'enlisement, entraînerait à coup sûr une déstabilisation régionale dont tous les pays limitrophes subiront les conséquences en termes de trafics, de flux migratoires et d'éventuelles attaques terroristes. Privilégier les armes au détriment du développement durable, c'est abandonner un Sahel-poudrière dont personne, aujourd'hui, n'est capable de mesurer les conséquences.