Les pays du G5 Sahel, qui se disent "en première ligne contre le terrorisme", ont annoncé, lundi soir, à Bamako vouloir réaliser leur projet de force destinée à combattre les groupes terroristes utilisant, notamment, le Mali comme "base de repli". Ce sommet des 5 chefs d'Etat (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) intervient moins de 3 semaines après l'attentat-suicide du 18 janvier, qui a fait près de 80 morts à Gao, principale ville du nord du Mali. Une attaque revendiquée par le groupe Al-Mourabitoune du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La décision de création de cette force conjointe du G5 Sahel, dont ni les effectifs, ni le commandement ni le mode de fonctionnement n'ont pas encore été précisés, remonte au sommet de l'organisation le 20 novembre 2015 à N'Djamena, la capitale tchadienne, selon le communiqué final. La force de sécurisation du Liptako-Gourma - zone à cheval sur le Niger, le Burkina Faso et le Mali et dont les 3 pays ont décidé la création le 24 janvier à Niamey - est une composante de la future force conjointe, selon le texte. "Nous avons décidé de rendre effective la création d'une force G5 pour lutter contre le terrorisme", a déclaré le président du Niger, Mahamadou Issoufou, lors de la conférence de presse finale du sommet, auquel participait aussi le dirigeant guinéen Alpha Condé, président en exercice de l'Union africaine (UA). "Nous allons demander une résolution des Nations unies et du Conseil de sécurité pour appuyer la création de cette force", a ajouté M. Issoufou. "Ce que nous voulons, c'est que les pays européens nous donnent les moyens. Nous allons nous-mêmes être en première ligne dans la lutte contre le terrorisme dans l'espace G5. Comme ça, ils vont faire l'économie des vies de leurs soldats", a expliqué le président tchadien Idriss Déby Itno. Il semblait faire miroiter une réduction des troupes de la force française Barkhane déployée dans la région, et des effectifs européens de la force de l'ONU au Mali (Minusma), la mission de maintien de la paix de l'ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec plus de 70 Casques bleus tués. "Face à la montée de l'extrémisme, il faut la mutualisation des efforts pour relever les défis. Nous devons aller plus loin pour réaliser le Sahel de la Défense", a déclaré le chef de l'Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta, auquel M. Déby a cédé la présidence du G5 Sahel. Par ailleurs, les chefs d'Etat du G5-Sahel ont affirmé qu'ils étaient prêts à œuvrer avec force et détermination aux côtés de leurs partenaires régionaux et internationaux pour faire face aux menaces et aux défis sécuritaires auxquels fait face la région. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a précisé que "le terrorisme et le crime organisé figurent parmi ces défis et ces menaces", affirmant que les pays du G5 Sahel sont prêts à y faire face avec force et détermination aux côtés de leurs partenaires régionaux et internationaux et particulièrement avec l'Union africaine, les Nations unies et la communauté internationale. R. I./Agences