Des dizaines de familles ont renoué avec le sourire après la libération de leurs enfants. La grâce présidentielle, qui a concerné l'ensemble des détenus du Hirak, aura été la meilleure nouvelle qui soit pour les parents des activistes en cette veille du 2e anniversaire du Mouvement populaire. Ces libérations ont été saluées par les acteurs politiques, les personnalités nationales et l'ensemble de la société. La décision présidentielle qui a consisté à fermer le dossier des détenus d'opinion, une bonne fois pour toutes, a fait l'unanimité au niveau de tout le spectre social et politique du pays. Les scènes de liesse à la sortie des prisons et dans les domiciles des personnes libérées témoignent, si besoin, de la portée, d'abord humaine, puis politique de la grâce présidentielle. Le chef de l'Etat qui, par ce geste, entendait créer un climat d'apaisement et de sérénité, a très largement atteint son objectif. Même si le verbe demeure acéré, ce qui est admissible dans toute démocratie, il reste que le recouvrement de la liberté est bien plus significatif que les discours des uns et des autres. Pour nombre d'observateurs, l'Algérie est en passe de réaliser un saut qualitatif où les différends politiques se règleront désormais dans les isoloirs des bureaux de vote et pas dans les tribunaux. Le ton du chef de l'Etat lors de son discours à la nation, le 18 février dernier, ne laisse pas de place au doute. La volonté de faire triompher la démocratie en Algérie a fondé la décision de dissolution de l'APN et la grâce présidentielle accordée aux détenus. Le chef de l'Etat qui a évoqué la Constitution votée le 1er novembre dernier a insisté sur les libertés collectives et individuelles qu'elle garantit. Il faut lire la décision de Tebboune à travers cette nouvelle grille de lecture, en ce sens que l'élargissement des détenus d'opinion participe à la détermination de donner à la nouvelle Constitution un prolongement concret sur le terrain. Les activistes connus et moins connus qui ont retrouvé la liberté n'ont certainement pas laissé leurs langues dans les cellules des prisons. Ils s'exprimeront encore et certainement avec la même détermination. Ils ne manqueront pas de fêter, demain, l'anniversaire du Mouvement populaire. Ils ne risqueront pas de poursuites judiciaires s'ils restent dans les limites de la critique politique. C'est cela qui va changer. La parole ne conduira plus en prison. Le principal message du chef de l'Etat est à ce niveau. Tebboune n'entend pas «retourner» ces activistes, mais leur donner l'opportunité de contribuer, à leur manière, à la vie de la nation. L'acte n'est donc pas une sorte de récupération des radicaux du Hirak. Il serait naïf de penser de la sorte. Le geste du président doit être lu comme sa contribution, à lui, pour ouvrir les portes du dialogue, de la concertation et du débat politique dans l'intérêt exclusif de la nation et de la société. Ce dialogue ne saurait s'instaurer que lorsque tout le monde ou du moins la majorité des Algériens le souhaite. Et la démocratie, dont il est fortement question dans les interventions du président Tebboune et de l'ensemble des acteurs politiques nationaux, ne saurait s'envisager durablement en dehors de ses instruments que sont la liberté et le suffrage universel. La grâce présidentielle aura atteint tous ses objectifs le jour où les politiques dans le Hirak et en dehors, mettent de côté leurs «spécificités idéologiques» et laissent les Algériens décider du sort du pays à travers des élections honnêtes et transparentes. La libération des détenus ne doit pas être vue comme la victoire d'une partie sur l'autre, mais le début d'un nouveau processus, censé conduire la scène politique à aller à l'essentiel, à savoir bâtir l'Algérie que veulent les Algériens, pas des groupuscules d'individus qui semblent craindre le suffrage universel. Président de tous les Algériens, Abdelmadjid Tebboune a fait montre d'une grande sagesse et montré le chemin à parcourir. La communauté nationale qui a accueilli la nouvelle de la grâce présidentielle avec une grande satisfaction est invitée par le chef de l'Etat, non pas à soutenir son programme social et économique, mais à comprendre que le salut du pays ne saurait être dans les «petites phrases» politiciennes, mais dans la réussite du prochain rendez-vous électoral. Des partis saluent les décisions du Président Tebboune Plusieurs partis politiques ont salué les décisions annoncées jeudi par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune dans son discours à la nation, estimant qu'elles «constituent un indicateur de réforme profonde» à même de «consolider le lien de confiance» entre le citoyen et son Etat. MSP: «Des institutions légitimes et crédibles» Le parti de Abderrazak Makri a salué la teneur du discours du président Tebboune, mettant en avant «son engagement à aller vers des élections qui déboucheront sur de nouvelles institutions légitimes et crédibles, des institutions qui reflètent réellement la volonté populaire». Le MSP a également loué les autres engagements annoncés dans le discours du président, dont «la grâce décidée en faveur des détenus politiques, la création de partis politiques et associations à travers une simple notification outre son engagement quant aux causes internationales justes, notamment la cause palestinienne et le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». FLN: «Confiance entre le président et le peuple» Le parti du Front de Libération nationale a estimé que «le bilan présenté par le président de la République et les mesures annoncées, ainsi que les décisions qu'il entend prendre sont susceptibles de renforcer la confiance entre le président et son peuple et réaliser les aspirations des Algériens au changement et à la réforme». Mouvement El Bina: «Une réforme en profondeur» Le parti de Abdelkader Bengrina a affirmé, dans un communiqué, que le discours du président Tebboune «renferme des décisions politiques importantes qui augurent d'une véritable réforme en profondeur». Le parti s'est également félicité de l'hommage rendu par le président de la République au «Hirak authentique béni» et de l'intérêt accordé à la jeunesse dans le projet de nouvelle Algérie. Front El-Moustakbal: «Décisions courageuses» Le parti de l'ex-candidat malheureux à la présidentielle du 12 décembre 2019 a évoqué pour sa part les «décisions courageuses» prises par le président Tebboune à l'occasion de la Journée nationale du Chahid et du 2e anniversaire du Hirak populaire, dont la dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN), le remaniement ministériel prévu dans les prochaines heures, la grâce en faveur de certains détenus et l'installation de l'Observatoire national de la société civile et du Conseil supérieur de la jeunesse. Mouvement El Islah: «Consolidons la cohésion nationale» Ce parti s'est félicité de la teneur du discours du président de la République, estimant que la grâce présidentielle en faveur de nombre de détenus était un signe d'apaisement qui consacre l'Etat de droit et les libertés. Pour cette formation politique, le discours du président Tebboune, était «rassurant pour les Algériens, concernant la situation générale du pays», mettant en exergue son «fort attachement à consolider la cohésion nationale pour relever les différents défis et faire face à tous les dangers qui guettent l'Algérie». Le Mouvement El Islah a souligné «la détermination du président de la République de concrétiser ses engagements électoraux, notamment en ce qui concerne le dossier social relatif à l'amélioration du cadre de vie des citoyens et remédier aux précédentes lacunes ainsi que l'allégement des retombés de la pandémie de coronavirus dans le pays». ONM: «Des décisions importantes» L'Organisation nationale des moudjahidine a valorisé «les décisions importantes», contenues dans le discours du président de la République susceptibles d'insuffler une nouvelle dynamique à la nouvelle action institutionnelle, et de relancer le développement national, en donnant plus de chances aux jeunes pour intégrer la vie politique». L'ONM a exprimé sa «grande satisfaction» quant à la décision de grâce présidentielle en faveur des détenus condamnés. Le parti El Wassit Essiyassi: «Un discours fort» Le parti a salué la teneur du discours du président de la République, exprimant sa disponibilité à adhérer «au processus de réédification des institutions constitutionnelles via des élections transparentes et régulières, dans le cadre d'un régime électoral qui place tous les partenaires politiques sur le même pied d'égalité sans conditions préalables». Le membre fondateur du Rassemblement pour le «nouveau processus», Moundir Boudena a qualifié depuis Khenchela le discours du président de la République de «fort» et a relevé que ce discours appelle à «la nécessité de susciter un changement dans l'actuelle scène politique pour créer une dynamique devant contribuer à faire sortir la classe politique de sa léthargie». Grâce des détenus du Hirak L'Espagne salue la décision du président Tebboune La grâce présidentielle accordée aux détenus du Hirak, qui a suscité de très nombreuses réactions à l'intérieur du pays a également fait réagir l'un des partenaires de l'Algérie. il s'agit du royaume d'Espagne. La représentation diplomatique de ce pays du sud de l'Europe, à travers l'ambassadeur en poste à Alger affirme dans un message sur son compte Twitter que «le gouvernement d'Espagne se félicite de la récente mise en liberté d'activistes algériens, une mesure demandée par d'amples secteurs de l'opposition et de l'opinion publique en Algérie». Cette réaction, pour le moins, bizarre, sachant qu'il est question d'une affaire strictement interne ne semble pas constituer pour l'ambassadeur un acte diplomatique plutôt singulier, lui fait dire: «Cette décision contribuera à l'élargissement de l'espace politique en Algérie.» En soulignant par ailleurs que l'Algérie «se dirige vers l'organisation de nouvelles élections législatives, comme annoncé par le président Tebboune le 18 février», l'ambassadeur se fait le porte-parole du gouvernement de son pays et annonce que ce dernier, «qui considère l'Algérie un partenaire stratégique, réitère sa disposition à continuer à coopérer avec le pays voisin pour promouvoir son développement politique et économique et sa stabilité au bénéfice de nos deux pays». C'est avec ces termes que l'ambassadeur d'Espagne en Algérie conclut son message.