Les images ont fait le tour de la Toile. Plusieurs centaines d'Algériens en train de se bousculer à l'aéroport Paris- Charles de Gaulle (CDG). Collés les uns aux autres, ils espéraient prendre les derniers vols de «rapatriement» avant la fermeture des frontières qui devrait durer au moins un mois. La distanciation sociale n'était bien évidemment pas au rendez-vous! Selon certains témoignages, même le port du masque était parfois absent! Des rassemblements à risque qui ont duré un bon moment. Des scènes surréalistes en ces temps de pandémie qui laissent craindre l'arrivée de foyers «ambulants» du variant britannique du coronavirus, sachant que ce «mutant» ultracontagieux (plus de 70% que le variant classique) représente plus de la moitié des cas en France. Selon les chiffres officiels fournis par les autorités sanitaires de l'Hexagone, «50,8 des personnes déclarées positives sont porteuses du variant B.1.1.7 alors qu'elles n'étaient que de 3% début du mois de janvier dernier». Des chiffres qui montrent la forte progression de la souche anglaise en à peine un mois, mais surtout sa dominance de l'autre côté de la Méditerranée. Si une des personnes rapatriées est atteinte du Covid-19, elle a une chance sur deux d'être porteuse de cette mutation qui a fait replonger l'Europe dans les affres du confinement. Certes, les voyageurs sont soumis à l'obligation de fournir une attestation de test PCR négatif au plus tard 72 heures avant la date du vol. Néanmoins, les études scientifiques effectuées à travers le monde montrent que cette technique de dépistage n'est pas infaillible. Les faux négatifs existent! Selon les mêmes études, leur probabilité s'élèverait jusqu'à 38%. Les histoires d'un proche ou un voisin atteint du Covid -19 alors qu'il a été testé négatif quelques jours avant sont légion. Ce qui démontre qu'une PCR négative de 3 jours n'est pas un gage de santé. D'ailleurs, l'une des deux personnes confirmées porteuses du variant B.1.1.7 est venue de France à travers l'un de ces fameux vols «spéciaux». Il y a donc bel et bien des lacunes dans le protocole sanitaire de rapatriement. Les spécialistes craignent donc que l'on revive le scénario de mars 2020 à Blida où un émigré avait provoqué le premier foyer de la pandémie dans le pays. Un seul porteur, et on court droit à la catastrophe. Cela est d'autant plus vrai avec les images que l'on a pu voir lors de ce dernier tour de rapatriements. Pour beaucoup de médecins, permettre à ces personnes de retrouver directement leurs familles ou les laisser circuler librement à travers le pays serait un véritable suicide collectif! «Cela pourrait accélérer la propagation du variant britannique de façon incontrôlable», estiment-ils en rappelant que le virus du Covid-19 circulait à travers l'homme. Ils plaident donc pour un retour de l'isolement sanitaire de ces voyageurs pour une période d'au moins sept jours. D'ailleurs, les experts algériens étaient montés au créneau, depuis plusieurs semaines, pour réclamer un retour au confinement des voyageurs à leur arrivée au pays. À l'image du docteur Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital de Boufarik et président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique. «Nous recommandons que des mesures plus strictes et plus sérieuses soient appliquées à l'égard des personnes rapatriées depuis l'étranger vers l'Algérie», n'a-t-il cessé de répéter. Il a même appelé à un confinement de sept jours en Algérie et une PCR négative à la fin du confinement pour toute personne rapatriée. «C'est le seul moyen d'être sûr de ne pas importer de variante de la Covid-19 en provenance particulièrement de l'Europe», a insisté ce spécialiste non sans avertir sur l'arrivée prochaine du variant britannique par ces vols de rapatriement. Le temps a fini par lui donner raison. Les frontières ont certes été fermées, mais les vols «spéciaux» se sont multipliés. Des «privilégiés» faisaient des «allers-retours» entre Alger et les capitales du monde ce qui a fait que le trafic aérien est presque revenu à la normale. Au mois de février, Air Algérie assurait jusqu'ici trois vols de rapatriement par jour rien qu'au départ de Paris. La cadence est passée à cinq vols, ces deux derniers jours. Cela sans parler des autres compagnies aériennes. Comme l'a fait remarquer un internaute, «on a l'impression que tous les Algériens étaient bloqués à l'étranger». Maintenant que la récréation est finie, il faut essayer de limiter les dégâts. Attention au danger des derniers vols...