C'est visiblement l'arrivée du variant britannique qui expliquerait la décision des autorités de fermer totalement les frontières du 1er au 31 mars prochain. L'Institut Pasteur d'Algérie a confirmé, dans la nuit de jeudi à vendredi, l'existence de deux cas de contamination au variant britannique du coronavirus, alors que le ministère de la Santé est resté ambigu sur le sujet durant toute la journée de jeudi face aux questions de la presse. "L'Institut Pasteur d'Algérie a détecté sur des PCR positives, datées du 19 février 2021, deux variants britanniques portant les mutations N501Y et D614G avec délétion des positions 69-79 qui sont des signatures génétiques de ce variant détecté pour la première fois le 20 septembre 2020 dans la ville de Kent en Grande-Bretagne", lit-on dans le communiqué très détaillé de l'IPA. "Ces deux souches mutantes ont été détectées chez un membre du personnel de santé de l'EHS de psychiatrie de Chéraga — isolé actuellement — et chez un émigré venu de France pour l'enterrement de son père", a précisé l'Institut Pasteur d'Algérie, tout en soulignant que "des alertes ont eu lieu auparavant, notamment au CHU de Beni Messous et récemment à l'EPH Zmirli et dont les résultats de la recherche des 4 variants (de Grande-Bretagne, d'Afrique du Sud, du Brésil et du Japon) ont été négatifs (souche classique)". Interrogé jeudi par l'APS, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, n'a ni confirmé ni infirmé l'existence de cas de contamination par le variant britannique. "Nos experts sont à l'affût pour toute éventualité d'apparition d'un variant", s'est contenté de répondre M. Benbouzid, estimant que "le variant n'est pas une source d'inquiétude particulière". Mais face au relâchement constaté sur le terrain ces derniers jours et le manque de moyens dont se plaint le personnel soignant dans les établissements de santé du pays, le risque d'un retour à la case départ n'est pas à écarter. L'Algérie est-elle prête à revenir aux mesures drastiques de confinement dans un contexte socioéconomique délicat, dont les conséquences sur les entreprises et les ménages ne sont plus à démontrer ? Vu le rythme lent de la vaccination, en raison du nombre réduit de doses de vaccins importées jusqu'à maintenant, les marges de manœuvre du gouvernement sont très réduites. Pour sa part, l'IPA affirme sans la moindre ambiguïté que "les données récentes montrent que le variant britannique deviendra le virus dominant dans les prochains mois" et que le nombre de pays déjà touchés par ce variant est officiellement de 86. Malgré "une certaine stabilité du nombre de cas de contamination par la Covid-19" enregistré par l'Algérie ces dernières semaines, la propagation rapide du variant anglais risque de remettre en cause tous les efforts de lutte contre cette pandémie. Cela expliquerait la décision des autorités de fermer totalement les frontières du 1er au 31 mars prochain, même si aucune annonce officielle n'a encore été faite, le ministère des Transports n'ayant pas voulu s'exprimer sur le sujet, alors que le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus se dit étranger à cette décision qui a semé beaucoup de confusion au sein des compagnies aériennes étrangères qui opèrent actuellement de manière partielle durant cette situation exceptionnelle.