La partie ne fait que commencer entre les deux partis qui développent des discours opposés. La concrétisation sur le terrain de la charte pour la paix et la réconciliation se fait sur fond de guerre de positions entre les deux partenaires de l'Alliance présidentielle. Entre le RND et le FLN, ce n'est pas la lune de miel. «Des hostilités» verbales, par médias interposés, ont caractérisé la semaine passée et la partie ne fait que commencer. Les manoeuvres politiques des deux formations portent désormais sur la question du troisième mandat et l'amendement de la Constitution. Vraisemblablement pressé, le FLN, par la voix de son secrétaire général Abdelaziz Belkhadem, a interpellé le président de la République pour «qu'il procède à la révision constitutionnelle » en estimant que le régime constitutionnel algérien n'est plus valable. M.Belkhadem a réitéré également «la nécessité de clarifier la nature du régime» qui doit passer par un amendement à la première loi du pays. Il a aussi réitéré son soutien inconditionnel pour le président à un troisième mandat. A ce sujet, il porte l'estocade à son rival et concurrent, Ahmed Ouyahia. Le représentant personnel du président de la République trouve ainsi «frappante» la contradiction dans l'attitude du chef du gouvernement. «On ne peut pas déclarer qu'on ne se présentera pas contre M.Bouteflika et être en même temps contre la révision de la Constitution», a relevé M.Belkhadem pour qui la révision de la Constitution est la seule voie qui permettra à M.Bouteflika de briguer un troisième mandat. D'aucuns estiment que cette revendication formulée par le parti majoritaire est sous-tendue par un autre objectif. Il s'agirait du poste de vice- président qui serait prévu dans les textes de la nouvelle Constitution. Car, si le FLN se contente d'un second rôle au gouvernement puisque la chefferie lui est ravie par le RND, il n'en est pas de même pour ce nouveau poste. Ensuite, le FLN ne trouverait pas meilleure aubaine pour contrebalancer les rapports de force. D'aucuns estiment que le RND tire l'essentiel de ses forces de la position de son secrétaire général qui est chef du gouvernement. C'est ce qui expliquerait par ailleurs, l'insistance et l'empressement du FLN à aller vers un amendement constitutionnel avant les prochaines législatives. Abdelaziz Belkhadem ne manque pas de souligner, à chaque occasion, que le FLN est la première force politique du pays et «il le restera». C'est ainsi que M.Belkhadem conçoit et se soucie des intérêts du pays et de ceux de son parti. Le patron du RND s'en soucie également mais à sa manière. Seulement, les deux hommes politiques qui veulent concrétiser un même programme, celui du président de la République, tiennent un discours fondamentalement contradictoire. Pour Ahmed Ouyahia, aborder la question de la troisième mandature n'est pas propice. «Le président n'est qu'à la deuxième année de son second mandat, laissons-le travailler.» M.Ouyahia estime qu'un texte constitutionnel n'est pas un obstacle insurmontable pour permettre une troisième mandature au président. «Si le seul souci est d'accorder un troisième mandat, il suffit tout simplement de changer l'article 74 de la Constitution», a-t-il suggéré. Mais l'enjeu de cette guerre tient-il réellement à la Constitution et à la troisième mandature ? Entre-temps, le FLN et le RND maintiennent sous perfusion un semblant d'activité politique dans «une totale absence de la société civile», comme l'a répété le président à Constantine.