Des paniers plein de bouteilles d'huile! C'est ce à quoi ressemble, ces derniers jours, le couffin des Algériens. En effet, la rupture de stocks de ce produit, qui a été enregistré, la semaine dernière, dans certaines wilayas de l'Est du pays, a provoqué un effet boule de neige sur le reste de l'Algérie. Affolés, les citoyens se sont rués vers les épiceries et autres magasins d'alimentation générale pour faire le plein! L'image de ce chef de famille les mains pleines de bidons, qui a fait le tour de la Toile, résume à elle seule cette situation de panique. «On a ouvert le week-end dernier, en quelques heures-nos stocks d'huile de table ont été épuisés», révèle le gérant d'une nouvelle supérette dans la banlieue algéroise. Ce magasin n'est pas le seul dans cette situation. Les rayons de ce produit essentiel sont quasiment vides dans la plupart des commerces de bouche. Ce qui a fait un argument de vente pour ceux qui disposent encore de stocks. Comme dans cette grand surface de l'Algérois, qui affiche en grande sur sa devanture: «Huile disponible chez nous.» Elle a même «inondé» les réseaux sociaux de postes sponsorisés pour annoncer cette «grande nouvelle». On est face à une situation qui nous rappelle amèrement l'épisode de mars dernier avec les spéculations et les rumeurs autour de la semoule, ce qui avait fini par provoquer une rupture due à une demande exceptionnelle. Beaucoup d'Algériens craignent de revivre ce cauchemar, surtout que les fake news sont au rendez-vous! Les associations de protection des consommateurs ont commencé un travail de sensibilisation en appelant à faire preuve de conscience citoyenne en évitant de constituer des stocks, à l'image de l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce). Elle a lancé les hashtags #soyons des consommateurs conscients # gérer les crises avec la raison, vaincre la rumeur et la combattre. «Les rumeurs malveillantes mènent aux crises qui déstabilisent le marché, nuisent aux intérêts du consommateur et conduisent à la rareté», explique l'Apoce sur les publications qui accompagnent ces hashtags. «Le consommateur intelligent et conscient ne se livre pas à de mauvais comportements qui nuisent à ses intérêts!», ajoute-t-elle avec des photos montrant les conduites qu'il faut bannir. Cette question a alors été prise en charge au plus haut sommet de l'Etat. Les autorités ont alors décidé de prendre le taureau par les cornes. Le gouvernement a instruit les walis d'intensifier les contrôles. Il leur a demandé une tolérance zéro envers les commerçants ayant voulu jouer aux «apprentis spéculateurs». Les premières sanctions sont déjà tombées. À Tlemcen par exemple, des poursuites judiciaires ont été enclenchés envers ceux qui ont été pris en flagrant délit. Les hautes autorités du pays ont aussi demandé l'ouverture d'enquêtes sur le terrain pour déterminer les raisons de la rupture et l'augmentation des prix de divers produits, notamment alimentaires. Les APW des 58 wilayas ont reçu des télégrammes du Premier ministère les informant de la nécessité d'effectuer des visites sur le terrain dans les différents magasins et marchés de leurs circonscriptions. Ces rapports ont pour but de déterminer les causes de ces dysfonctionnements pour mettre en place les mécanismes permettant d'assurer la stabilité du marché. Ce plan d'urgence vise à sauvegarder le pouvoir d'achat des Algériens qui a reçu un sacré coup depuis le début de l'année en cours. Surtout que le mois sacré du Ramadhan est à nos portes, ce qui pourrait encore plus «couler» les foyers...