L'ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette, était avant-hier à Constantine, dans le cadre d'une visite de travail où il a eu à rencontrer le premier responsable de cette wilaya et le maire de la ville des Ponts suspendus. À l'occasion d'une conférence de presse, il s'est exprimé sur un certain nombre de sujets, mais l'on imagine que les questions mémorielles n'ont pas manqué d'être évoquées. Le poids du contentieux étant ce qu'il est, il est, en effet, impossible pour tout diplomate français de faire l'économie de pareil sujet, si son intention est de construire des relations durables entre les deux peuples. Sur ce dossier précisément, François Gouyette est on ne peut plus à l'aise. Ayant pris ses fonctions dans une conjoncture assez spéciale où la volonté de l'Elysée en faveur d'une réconciliation des mémoires est très évidente, l'ambassadeur traduit fidèlement et sans faux-fuyant la position de son pays. «Les Français souhaitent travailler avec les Algériens sur le chemin de la réconciliation des mémoires», a affirmé le diplomate, avec l'assurance que les Algériens commencent à découvrir. Il a, pour ce faire, des arguments de taille à l'appui de son propos, dont «la démarche entreprise récemment par le président Emmanuel Macron qui a reconnu, au nom de la France, que l'avocat et dirigeant politique du nationalisme algérien, Ali Boumendjel, a été torturé puis assassiné par l'armée coloniale pendant la guerre de libération», soutient-il. Même si le geste de Macron ne constitue pas la panacée, il ne s'inscrit pas moins «dans le cadre des efforts déployés pour dépasser les antagonismes mémoriels entre Français et Algériens». Un pas dans la bonne direction. Un autre a été fait par le président français, pas plus tard qu'hier, répondant à des demandes pressantes des historiens algériens et français. La déclassification des archives frappées de secret défense est, à n'en pas douter, un pas de géant. Quelque peu «prémonitoire» pour s'être exprimé la veille, le propos de l'ambassadeur trouve dans la décision de l'Elysée, matière à confirmation d'une volonté de rapprochement mémoriel qu'il porte avec une grande conviction. Citant «l'initiative mémorielle du président Macron, s'agissant de l'assassinat d'Ali Boumendjel en 1957», François Gouyette dira que celle-ci «s'inscrit dans le cadre de la démarche de reconnaissance des faits historiques». En estimant «très important de connaître les faits historiques tels qu'ils se sont produits», le diplomate français fait là aussi dans la «prémonition», tout en donnant quelques indices probants. «Le président français veut vraiment bâtir une relation sereine, dynamique, positive et constructive avec l'Algérie, aller de l'avant et pousser la coopération dans un esprit constructif et amica.» Attendons donc pour découvrir ce que réserve Macron comme actes et gestes courageux en faveur de la réconciliation des mémoires. Il reste que si cette réconciliation doit servir à quelque chose, ce serait certainement au développement des relations entre la France et l'Algérie et notamment celles économiques et, commerciales. À ce propos, l'ambassadeur ne met pas la charrue avant les boeufs en affirmant que des efforts étaient en cours pour «encourager le mouvement d'investissement dans les deux sens et essayer de favoriser les rapprochements et les synergies en mettant en relation les entreprises françaises et algériennes, notamment les petites et moyennes entreprises». Un aspect concret d'un partenariat appelé à s'intensifier, surtout à Constantine, où le secteur pharmaceutique est assez bien représenté. Plus encore, l'ambassadeur a annoncé un important programme de coopération universitaire entre l'Algérie et la France. Enfin, la visite de l'ambassadeur de France à Constantine met les relations algéro-françaises sur une trajectoire positive, «bonifiée» par le volontarisme du président Macron.