19 mars 1962-19 mars 2021. 59 ans ont passé depuis que Krim Belkacem a apposé son paraphe au bas du document qui allait acter l'indépendance de l'Algérie: Les accords d'Evian. L'Algérie s'apprête à célébrer cet événement dans des conditions particulières: Crises sanitaire, économique avec la tenue d'élections législatives dans moins de trois mois qui doivent reconfigurer son paysage politique. D'autres batailles à mener pour construire cette Algérie nouvelle dont ont rêvé leurs aînés. C'est donc dans ce contexte particulier que l'Algérie célèbrera le 59ème anniversaire des accords d'Evian. Un legs, un héritage précieux dont le prix n'a d'égal que les sacrifices, le don de soi de femmes et d'hommes, jeunes, d'exception pour libérer leur pays d'une colonisation féroce qui devait les réduire à une condition de citoyen de seconde zone, de sous- hommes, d'indigène. Un modèle pour ceux qui ambitionnent, aujourd'hui, de construire cette «Algérie nouvelle», celle dont la trajectoire a été malheureusement sciemment déviée, pour des considérations d'égo, bassement personnelles. Le nom de Krim Belkacem demeure à ce titre une référence et reste intimement lié à cette Algérie une et indivisible dont ont rêvé lui et ses compagnons d'armes. Il a négocié sans concession l'Indépendance de l'Algérie, qui a mis fin au mythe de l'Algérie française. Après des tractations qui auront duré près d'une année, le sort du mythe de l´Algérie française sera définitivement scellé le 18 mars 1962 à l'hôtel du Parc, à Evian-les-Bains (en Haute-Savoie, France). Krim Belkacem est à la tête d'une délégation composée de Mohamed Seddik Benyahia, Réda Malek, Tayeb Boulahrouf, Ahmed Boumendjel, Saâd Dahlab et Ahmed Francis. Ils ne cèderont pas d'un pouce. Krim Belkacem annonce la couleur. «Le problème pour lequel on est ici réunis est celui de la décolonisation totale de l'Algérie, de la disparition d'un système périmé et de l'accession de notre peuple à l'indépendance.» Le message est clair. Krim Belkacem et ses compagnons porteront l'estocade. L'arrêt des combats est ordonné le 19 mars 1962. L'Empire colonial français a mis un genou à terre. Il sera définitivement terrassé le 5 juillet 1962. Krim Belkacem symbolise, à plus d'un titre, l´un des plus fabuleux combats menés par un révolutionnaire algérien contre le colonialisme français et l'impérialisme, pour la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes... Un combat que devraient méditer ceux qui, allégrement et en toute inconscience, ont tendance à hypothéquer cette liberté arrachée par de jeunes Algériens sortis à peine de l'adolescence. C'est dans cette lignée que s'inscrit le parcours de Krim Belkacem. Celui d´un homme qui aura tenu le maquis près de 10 ans avant le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954. La date du 19 Mars couronnera cet objectif et restera intimement liée à son nom. Pour l'éternité sans doute. Paradoxalement, le rôle prépondérant qu'il joue à l'époque déclinera au moment même où il entamera les négociations d'Evian. Ironie du sort, il sera retrouvé assassiné au mois d'octobre 1970 dans une chambre d'hôtel à Francfort. Sa vie, à elle seule, est un foisonnement d'espoirs et de désillusions qui ont mené l'Algérie à la liberté. Les accords d'Evian ne peuvent être évoqués sans avoir une pensée particulière pour celui dont ils portent l'empreinte. Celle de Krim Belkacem.