La délegation algérienne aux accords d'evian Sa vie, à elle seule, est un foisonnement d'espoirs et de désillusions qui ont mené l'Algérie à la liberté. Il aura donné au centuple, à une patrie martyrisée, pour qu'elle retrouve sa dignité. Elle ne le lui a rendu que mesquinement. 19 mars: un repère qui doit servir de boussole à une Algérie qui aspire à du sang neuf. A une jeunesse qui brûle d'impatience pour la mener au bout de l'objectif que lui ont fixé ses aînés: l'accès à une démocratie qui puisse assurer une justice sociale équitable, les mêmes droits et devoirs pour tous. Une mission sacrée qui reste à parachever pour lui rendre justice. Le chemin lui a été pourtant tracé il y a près de 60 ans. Un certain 19 mars 1962. Une date qui vient rappeler le dur combat et le long chemin qui ont conduit l'Algérie à l'Indépendance. Un message posthume délivré à ceux qui ambitionnent d'occuper le palais d'El Mouradia à un moment où des marches historiques, pacifiques, revendiquent l'avènement d'une Seconde République. Le nom de Krim Belkacem demeure à ce titre une référence et reste intimement lié à cette Algérie libre une et indivisible dont ont rêvé lui et ses compagnons d'armes. La date du 19 Mars couronnera cet objectif et restera intimement liée au nom de Krim Belkacem pour l'éternité sans doute. Ce n'est que lui rendre justice et, à travers lui, à tous ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays. Certains au péril de leur vie alors qu'ils auraient pu la croquer à pleines dents. Des jeunes femmes et des jeunes hommes tout juste sortis de l'adolescence pour bon nombre d'entre eux. D'autres se sont retirés sur la pointe des pieds pour que l'Algérie indépendante se construise... Le 19 Mars ne peut être évoqué sans avoir une pensée particulière pour eux. La délégation, qui devait négocier pour honorer le serment fait aux martyrs, de ne déposer les armes qu'une fois l'Algérie libérée, sera conduite par un baroudeur: Krim Belkacem. Il sera secondé par des hommes qui feront briller de mille feux une diplomatie algérienne née dans les maquis. Avec Mohamed Seddik Benyahia, Rédha Malek, Tayeb Boulahrouf, Ahmed Boumendjel, Saâd Dahlab, M'hamed Yazid et Ahmed Francis, ses compagnons de combat jeunes et brillants, il négociera l'indépendance de l'Algérie sans concession. Retour sur des tractations qui auront duré près d'une année. 20 mai 1961, il est près de 11h du matin. Le soleil s´est déjà levé sur la ville d´Evian, (Haute-Savoie, France). L´hôtel du Parc reçoit les deux délégations algérienne et française. Il s´agit de mettre fin à une colonisation féroce qui a duré plus de 130 ans. Les pourparlers peuvent commencer, mais sans témoin. Que veut-on cacher au monde? Cette plaie béante qui s´appelle Algérie, solidement accrochée et tatouée au fronton de la patrie des droits de l´homme? Ou bien, tout simplement, la détermination farouche d´indépendance d´une poignée de jeunes Algériens emmenés par celui que l´on surnomma «le Lion des djebels»? A ce moment-là, personne ne savait que le sort du mythe de l´Algérie française était désormais définitivement scellé. Les négociateurs français auront beau se démener pour garder sous leur coupe ne serait-ce qu'un pan de ce territoire qu'ils ont occupé pendant plus d'un siècle, mais c'était sans compter sur la détermination de leurs vis-à-vis algériens. Ils ne cèderont pas un pouce de ce territoire qui les a vus naître. Krim Belkacem annonce la couleur. Il sera intraitable. Comme à la première heure. Celle où il a décidé de se donner corps et âme pour l'indépendance de sa patrie spoliée, martyrisée. Son combat portera l'empreinte de ses ancêtres berbères. Celle de Massinissa et de Jugurtha. Il livrera sa dernière bataille contre l'ennemi. Pour une Algérie libre de Tamanrasset à Alger, d'El Kala à Maghnia... C'est dans cette lignée que s'inscrit le parcours de Krim Belkacem. Celui d´un homme qui aura tenu le maquis près de dix ans avant le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954. Sa vie, à elle seule, est un foisonnement d'espoirs et de désillusions qui ont mené l'Algérie à la liberté. Il aura donné au centuple, à une patrie martyrisée, pour qu'elle retrouve sa dignité. Elle ne le lui a rendu que mesquinement. Icône de la guerre de Libération nationale, Krim Belkacem, symbolise à plus d'un titre, l´un des plus fabuleux combats menés par un révolutionnaire algérien contre le colonialisme français et l'impérialisme, pour la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes...