Une conférence pour énumérer les sempiternels problèmes du livre à l'occasion de la célébration de sa journée internationale... «Le pessimisme qui domine la situation du livre en Algérie est justifié », dira Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque d'El Hamma, dimanche dernier, lors d'une conférence de presse, à l'occasion de la Journée internationale du livre. Néanmoins il constatera une amélioration dans le domaine de l'édition y compris sur le plan de l'esthétique que du contenu. Pour lui, il ne peut y avoir d'évolution du livre sans l'existence de bibliothèques, a fortiori les bibliothèques municipales . «Les 600 qui existaient dans les années 1960 et 1970 ont disparu, alors quand il y en une dans un quartier, elle est méconnue et pas fréquentée même par les universitaires. Une commune sans bibliothèque n'est pas une commune», conclut-il. Parlant bien sûr de ce qu'il connaît le mieux, c'est-à-dire son secteur, il fera remarquer qu'aujourd'hui, 80% des éditeurs respectent le dépôt légal. M.Zaoui, évoquera le phénomène de «la lecture par coïncidence» qui prévaut en Algérie. Il existe plus de 8 millions d'élèves, et très peu de bibliothèques scolaires dont le fonds est «dangereux». Ceci incombe, estime-t-il, au ministre de l'Education. Et de souligner: «Hormis la Bibliothèque d'El Hamma, il n'existe pas de statut pour les bibliothèques. Celles-ci sont gérées de façon anarchique.» Ce qui le poussera à dire que chez nous, «il n'y a pas de problèmes de matériel mais de gestion». Brossant la situation des librairies en Algérie, Fatiha Soal, présidente de l'association Aslia dira, d'emblée, que la situation du livre s'est aggravée. Et de citer les raisons, qui, cela dit, sont connues par tous : le désengagement de l'Etat, mais aussi la fermeture des bibliothèques, la relégation de la culture au second plan, la dévaluation du dinar sans oublier la forte taxation dont le livre est victime, le prix des livres... Des raisons maintes fois énumérées... Madame Soual dira que le lectorat existe, vu la présence d'un marché, mais la question qu'il faut se poser est quel type de lectorat, et dans quelle proportion? Et de relever que 65 libraires, dont 5 points de vente qui appartiennent au réseau de l'OPU sont membres de l'association. On notera aussi 550 points de vente qui vendent le livre sur le territoire mais seule une centaine sont de «vraies» librairies. La présidente d'Aslia indiquera que le problème auquel l'Algérie fait face est celui de l'indisponibilité du livre, voire de pénurie. «L'approvisionnement se fait bon gré mal gré. Le livre ne peut se développer si les libraires ne sont pas partout», a-t-elle dit. Elle citera également un autre problème plus grave qui mine le marché du livre, à savoir le marché parallèle qui échappe au contrôle. «La réouverture du marché au privé pourrait être une solution au problème», indiquera-t-elle. Et de renchérir: «On ne connaît pas le lectorat qui se trouve dans les bibliothèques et les écoles.» Revenant à de meilleurs sentiments en fin de conférence, Madame Soual relèvera le nombre de librairies qui s'ouvrent de plus en plus, signe, pour elle, de l'existence d'un intérêt pour le livre. Entre complaintes et énième lamentation sur la situation et les problèmes que rencontre le livre, un patrimoine tout aussi important à préserver sous peine de la propagation de l'ignorance et de l'obscurantisme - chose à laquelle on est arrivé malheureusement - on laissera le soin à cet observateur dans la salle pour conclure: «Une TVA à 17%! C'est de l'hérésie économique. Et si on parlait du rôle de l'Etat dans tout ça...».