Le président de la République a reçu, hier, au siège de la présidence de la République trois chefs de partis politiques. Il s'agit du secrétaire général (SG) du Mouvement Ennahda, Yazid Benaïcha, le président du parti El Karama par intérim, Mohamed Daoui, et le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati. La démarche adoptée par le chef de l'Etat qui consiste à maintenir un contact permanent avec la classe politique, indépendamment des tendances idéologiques des acteurs partisans, ne semble pas simplement conjoncturelle. C'est en tout cas l'impression qui se dégage du nouveau style qu'imprime Abdelmadjid Tebboune à la fonction du premier magistrat du pays. Outre que cela «désacralise» l'institution présidentielle en la mettant à la portée du personnel politique, cette façon d'exercer le pouvoir politique permet de jeter des ponts institutionnels, à même de donner du sens au concept de dialogue politique. Le chef de l'Etat qui reçoit régulièrement des hommes politiques, sans agenda préalablement fixé ou en rapport avec un événement précis, apporte ainsi la preuve que quelque chose de fondamental est en train de changer dans la pratique de la fonction présidentielle. Et pour cause, lorsqu'il a été question de discuter les avant-projets de la Constitution et du Code électoral, le président Tebboune a opté pour la voie des experts et l'enrichissement des travaux de ces derniers par l'ensemble de la classe politique. Elu au suffrage universel sur la base d'un programme en 54 points, il n'a pas engagé des concertations avec les partis politiques sur ses intentions, d'ailleurs affichées depuis l'annonce de sa candidature à la magistrature suprême du pays. La mise en oeuvre de son programme est une somme de promesses faites aux électeurs qu'il est en train de concrétiser. Il se trouve que dans cet agenda politique, le chef de l'Etat a, dès le début, annoncé ses intentions, à savoir qu'il était là pour proposer des cadres d'expression démocratique et c'est aux acteurs agissant sur la scène nationale d'en user pour matérialiser la volonté citoyenne exprimée par le Mouvement populaire. La nouvelle Constitution, la loi électorale et bientôt les élections législatives constituent autant de jalons dans le renouvellement de la dynamique politique, en ce sens que les trois initiatives adoubées et enrichies par les acteurs partisans et sociétaux, mettent la jeunesse au summum des changements souhaités. C'est dire que le président de la République ne soumet pas son programme à l'appréciation des acteurs politiques, mais le déroule, tout en tenant compte des aspirations de la majorité de la société. Il est des opposants, parmi lesquels, certains ont été les invités du président, ont exprimé des avis aux antipodes de l'approche présidentielle. Il en est d'autres qui, tout en maintenant une posture de défiance à l'égard du pouvoir, ont pris la décision de participer au prochain scrutin. Les uns et les autres dialoguent librement avec le chef de l'Etat. Cela pour dire que les entretiens d'hier, et ceux qui les ont précédé, n'entrent visiblement pas dans le cadre d'une quelconque négociation post ou ante-électorale. Il s'agit plutôt d'une volonté de mettre la présidence de la République à «hauteur d'homme», dans le but de construire de nouveaux rapports qui ne soient pas conflictuels. Tebboune réussira-t-il dans cet exercice? L'avenir «post-électoral» nous le dira.