Le dossier du montage automobile a tellement fait couler d'encre qu'il devenait impératif de savoir où il en était. La réponse est venue du président de la République. Interrogé, à ce propos, à l'occasion de sa rencontre périodique avec des représentants de la presse nationale, il a annoncé, hier, que le dossier des véhicules sera réglé durant le semestre en cours. L'Algérie passera à une nouvelle expérience reposant sur «le véritable montage» automobile, assurera Abdelmadjid Tebboune. Un fiasco dont il fallait siffler la fin. Le constat qui est fait par le locataire du palais d'El Mouradia est irrévocable. «L'expérience passée de montage automobile n'a donné aucun résultat et nous a coûté une fortune», a souligné le chef de l'Etat. Ses arguments attestent d'une «saignée», d'un partenariat à sens unique qui n'a que peu profité à l'économie nationale. «Nous sommes supposés créer, lorsqu'on parle de montage automobile, des milliers de postes d'emploi. Mais nous avons assisté, hélas, à la création de 400 postes d'emploi uniquement par un investisseur qui a consommé trois milliards de dollars», a noté le premier magistrat du pays qui a indiqué que «le prix du véhicule monté localement a dépassé celui du véhicule importé». Un état de fait qu'il a imputé aux «opérateurs qui n'ont pas honoré leurs engagements à réaliser un taux d'intégration». Le président de la République a décidé de passer l'éponge sur cette expérience, visiblement ratée et de repartir du bon pied. De nouvelles conditions sont fixées pour relever le challenge. Quelles sont-elles? «Si le montage automobile n'aboutit pas, d'ici 3 ou 4 ans, conformément au cahier des charges, à la réalisation d'une intégration d'au moins 40%, à la création de postes d'emploi et à la fabrication de pièces de rechange algériennes, il n'y aura pas de montage automobile», a prévenu Abdelmadjid Tebboune. Où en est-on avec le fameux cahier des charges? «Le document est fin prêt. Le problème ne réside pas dans le cahier des charges, mais dans le choix des Etats fournisseurs», a indiqué le président, qui a tenu à préciser que l'économie est basée sur le principe «donnant-donnant». Si, par le passé, le traitement se faisait avec les personnes, «nous exigeons actuellement à ce que l'Etat algérien soit le bénéficiaire», a précisé Abdelmadjid Tebboune. Retour sur un feuilleton dont l'épilogue n'est pas encore écrit. Une plateforme numérique a été lancée le 20 septembre 2020, pour l'introduction en ligne des demandes d'agrément provisoire et définitif ainsi que les demandes d'avis technique pour l'exercice des activités de construction de véhicules et de concessionnaires de véhicules neufs. L'opération semblait démarrer sur les chapeaux de roue, au point où l'on avait l'impression de se bousculer au portillon. 84 préinscriptions formulées par 140 opérateurs économiques, à la plateforme numérique des constructeurs automobiles et des concessionnaires de véhicules neufs, avaient été enregistrées par le ministère de l'Industrie, au 1er octobre 2020. Le département de l'ex-ministre de l'Industrie Ferhat Aït Ali, avait livré le bilan de cette opération: 133 préinscriptions ont été enregistrées pour l'activité de concessionnaires de véhicules neufs et 51 préinscriptions ont été enregistrées pour l'activité de construction de véhicules. Quatre mois plus tard, la moisson s'est avérée dérisoire: aucun constructeur n'a été retenu. Sachant que c'est dans la filière de la construction automobile que l'Algérie trouvera son compte tant sur le plan de la création d'emplois que celui des rentrées de devises, il devenait urgent de lui donner un coup d'accélérateur. Ce que vient d'annoncer le président de la République...