Les révélations du procès des containers de whisky à Annaba reposent la question des réformes improductives engagées au sein des Douanes algériennes. Même si les faits remontent à 1995, les révélations de l'importateur de Annaba qui avoue avoir graissé la patte à des agents des douanes sont une première dans l'omerta qui sévit dans les milieux douaniers. Sid Ali Lebib, venu à la tête de la direction des Douanes avec une solide réputation d'homme de poigne, n'a pas encore réussi le pari de stabiliser une institution gangrenée par les affaires. Les informations évoquant la prochaine comparution devant la justice de Chaïb Chérif, ancien DG des Douanes comme témoin, risquent de déterrer des affaires encore plus troublantes surtout que Lebib, dont la mission première confiée par le Président Bouteflika, était d'assainir les rangs, ne fait, actuellement, que colmater les brèches. Les affaires du SKD-CKD et des métaux ferreux et non ferreux qui ont coûté une bagatelle de 8.000 milliards de centimes de pertes au Trésor algérien vont indéniablement entraîner des répercussions plus dramatiques sur un corps qui a du mal à opérer sa mue depuis l'arrivée de Lebib. Ce dernier a effectué divers changements dans les directions principales des Douanes, notamment dans les ports et aéroports, mais rien ne semble bouger tant les affaires de corruption, de trafic d'influence et de détournement continuent. Alors que Lebib se promettait de faire du port d'Alger un sanctuaire inviolable, les importateurs de tout acabit continuent à faire la loi. La mafia du conteneur est omniprésente et déjoue toutes les astuces des services des douanes, notamment les affectations informatisées au hasard des containers en zone sous douane et qui étaient, soi-disant, instaurées, afin de réduire la corruption qui sévit lors du contrôle et du déchargement des conteneurs. L'affaire du vol d'une pièce essentielle du nouveau scanner du port d'Alger est en soi significative du contrôle laxiste qui « existe » dans cette enceinte. A grands renforts de procédures, Lebib se promettait également d'épurer les rangs et de sanctionner. Il s'avère, après près de trois années d'exercice, que le DG des Douanes algériennes se bat carrément contre des moulins à vent. Pressions politiques, lobbying des importateurs, agitation syndicale, affectations contestées et grogne du personnel ont précipité les Douanes, dans une impasse. L'affaire Ahmed Sefouane, du nom de l'un des hommes clés des Douanes, accusé à tort d'être mêlé à un trafic d'or en France, a fragilisé la position de Lebib. Les nouvelles nominations au sein de certaines directions centrales ne se sont pas révélées heureuses du fait de l'absence de sanctions contre les responsables précédemment en poste. Les Douanes algériennes sont dans la tourmente des affaires. Les promesses qu'a suscitées Lebib lors de sa nomination se sont taries. Reste une inquiétude: la mafia du conteneur aura-t-elle raison d'un autre DG des Douanes?