Pour argumenter sa défense, un importateur, traduit en justice à Annaba, reconnaît publiquement avoir corrompu des douaniers et lève le voile sur la mafia du container. Le tribunal criminel de Annaba a prononcé, mer- credi dernier et après deux jours d'audience, l'acquittement des principaux accusés dans l'affaire des containers de whisky. A signaler que les mis en cause (un commerçant et trois agents de la douane) ont été poursuivis pour vol, corruption et faux et usage de faux. Les faits remontent au 25 novembre 1995, quand l'administration des douanes a découvert, lors d'un inventaire, la disparition de deux containers chargés de boissons alcoolisées. Cette marchandise a été importée, le 1er janvier 1995, selon les documents douaniers, par l'entreprise Djelali. Placés en zone sous douanes en instance d'acquittement des taxes douanières, les deux containers ont disparu mystérieusement. Convoqué, le propriétaire a nié toute relation avec cette importation. C'est alors que l'administration des douanes portera plainte contre l'importateur, l'accusant d'avoir fait sortir illicitement sa marchandise du port de Annaba afin de ne pas s'acquitter des taxes douanières. Outre la précision de taille apportée par la défense qui affirme que la découverte du pot aux roses est à mettre à l'actif des services de sécurité et non pas de l'administration des douanes, l'accusé principal a publiquement reconnu un recours très régulier à la corruption d'agents des douanes. Il n'omettra pas, cependant, de préciser qu'en ce qui concerne l'affaire de la disparition des containers, sa responsabilité n'est en rien engagée. Toujours sur le même ton des aveux, pour le moins compromettants, l'accusé soutient être victime d'un complot ourdi par la mafia des containers. Une mafia qui «a toujours exigé la somme de cent millions au minimum comme pot-de-vin pour traiter chaque affaire», révèle-t-il, tout en accablant l'institution douanière. Après délibérations, et à défaut de preuves tangibles, le tribunal a acquitté l'ensemble des mis en cause. Autrement dit, le responsable de la disparition des containers court toujours.