La guitare en bandoulière, ce sont l'émotion et la simplicité qui ont triomphé sur scène. Koulyoum Nhab Choufek (j'aime te voir tous les jours). C'est par ce titre au rythme entraînant que Souad Massi entamera mercredi dernier, son concert à la salle Ibn Khaldoun. Et de confier: «Je suis très contente d'être là ce soir.» Le ton s'adoucit. Une ballade au nom de son dernier album Mesk Ellil. De la nostalgie dans l'air qui enveloppe le public et le fait bercer, aussi, lorsqu'elle chante ave sa voix douce Yemma nekdeb Alik. Et d'essuyer une petite larme au coin de l'oeil. Souad se confie en musique, avec émotion et raconte sa vie. Puis vient le morceau Manensa Asli, «sur l'importance des origines» qu'elle interprètera en duo avec le percussionniste et chanteur Rabah Khalfa. Ce dernier ne tardera pas à faire réagir le public en entonnant son bendir à faire bondir de leurs sièges les jeunes qui ne tarderont pas à occuper le bas de la scène pour danser avec joie. Un bon programme musical en perspective qui alliera bluette romantique et mélancolique à l'énergie d'autres morceaux plus vivants. Et c'est place à la première chanson qu'elle a composée: E'raoui (le conteur). Lumière tamisée, Souad seule au milieu de la scène et le public qui reprend fidèlement et avec justesse svp le morceau. Grand moment d'émotion. Et on plonge encore dans cette atmosphère intime dans laquelle nous fait baigner Souad pour nous interpréter Dar Jeddi, en souvenir de sa vieille maison d'enfance. Et de poursuivre son récital entre simplicité et émotion à fleur de peau. Souad chante l'amour, l'errance des sentiments Ana kelbi Tah, Ghir n'ta Saken kalbi, puis un clin d'oeil au raï avec Khalouni nebeki ala rayi, chanté également en duo avec ce musicien hors pair, Rabah Khalfa. C'est la fin du concert? Non, on s'en doute bien! Les lumières sont encore en berne, et le public en redemande encore. Souad revient sur scène, suivie de ses musiciens: Jean-François Keller à la guitare, David Fall à la batterie et N'Doumbe N'djengue à la basse sans oublier le percussionniste bien sûr. Elle discute avec le public, lance des vannes, du style «Il n'y a que le côté droit qui chante, le côté gauche est rempli de scientifiques. Ça va être un concert intellectuel ce soir alors...» Et d'interroger en dernier ressort Malou kelbi pour finir en apothéose avec Ach idawi. Le public, debout, applaudit, danse, profite des derniers instants du concert ; les mordus reviendront certainement le lendemain jeudi pour un nouveau tour de chant, organisé par l'Etablissement Arts et culture. Et Souad de faire remarquer: «Il y a dans la salle des gens français qui ont demandé leur visa pour venir aujourd'hui». Aussi, après 7 ans loin de la scène algérienne Souad Massi n'a eu aucun mal à reconquérir son public. Ses nombreux fans étaient assurément bel et bien là. Généreuse et mélodieuse, la musique est à l'image de Souad, un vrai nuage de tendresse et de délicatesse, puisé, en partie, du terroir avec des notes chaâbies, raï, kabyle et savamment mélangées à d'autres mélodies comme la bossa nova, le folk ou le rock... Juste de bons moments d'évasion.