Le Joni Mitchell, la Joan Baez, la Tracy Chapman, la Carol King algérienne, Souad Massi, la chanteuse de country (pour ne pas dire bled), était à Alger, après une longue absence qui aura duré sept ans. Ainsi, le premier concert, affichant complet, de mercredi aura célébré les retrouvailles avec ses fans venus... « Massi...vement ». Dès son apparition sur scène, Souad Massi suscitera un tonnerre d'applaudissements. Longiligne, diaphane, gracieuse, chevelure noir corbeau, jeans et tunique noire, la country attitude, la guitare en bandoulière, le sourire en coin et puis ce flegme rock très laid back, Souad Massi souhaitera la bienvenue à ses hôtes : « Merci beaucoup d'être venus me voir. Je suis heureuse et contente d'être là ce soir ! » Aussi, Souad Massi compulsera l'album discographique de sa success story en observant des haltes sur les opus l'ayant propulsée au firmament. La consécration internationale est incarnée par cette Victoire de la musique du monde de l'année (award français). Un pied de nez, musicalement parlant, à l'endroit à la musique raï qui a eu son heure de gloire et qui est en perte de vitesse actuellement (on n'en entend plus parler à l'étranger, sauf celui rural illustré brillamment par la diva cheikha Rimitti, la vieille brisquarde faisant de l'ombre au jeunisme avec le superbe album N'ta Goudami). Souad Massi, cette chanteuse ayant fait ses premières classes (pour ne pas dire master class) au sein des formations algériennes Triana d'Alger (gypsy-latino) et Attackor (heavy metal) - qui lui ont mis le pied à l'étrier - ouvrira son show avec Kilyoum (comme aujourd'hui), où elle dit à son bon public : « Aujourd'hui, je suis venue vous voir ! » Un ange passe dans la salle ! Souad embrayera avec une autre chanson-titre, Mesk Elil (chèvrefeuille, son dernier album). Avec ce phrasé proche de la grande chanteuse libanaise Fayrouz et puis cette beauté de la tristesse, elle nous avouera sa langueur, sa nostalgie et le mal du pays : « Je me languis, vous me manquez ! » Mesk Elil est une ballade algérianisante, orientale, latine, méditerranéenne, foncièrement chaâbi et fleurant bon les fragrances populaires du chaâbi. Une belle plage olfactive de l'humus du terroir ! Avec Yemma (in l'album Raoui), Souad retracera son exil, ses affres, le lancinant déracinement, le délit de faciès et la peine d'argent. Sur un mambo chaâbi mélancolique où elle raconte au téléphone son âpre solitude à sa mère : « Mère, je dois te mentir, dehors/on ne m'insulte pas, le soleil me manque/je ne sais pas comment je tiens ici/ je ne manque pas d'argent... » Cependant, elle rappellera qu'elle ne peut pas renier ses origines avec Manensa Asli (in Mesk Elil) ponctué par un solo de percus (bendir et batterie) sur un rythme endiablé d'afro-beat. Et puis suivront Dar Djedi, Hakda Wala Akthar (in Mesk Elil) et une reprise de Khalouni nebki aâla rayi) du pionnier du raï, cheikh Mekelleche. Une belle version revisitée (déjà reprise par Amarna), personnalisée et habillée brillamment des digressions de aloui-soft, biguine antillaise et autre riffs aériens empruntés au guitariste The Edge de U2. Ainsi que Deb et Ghir Anta (album Deb). Ce qui est attractif chez Souad Massi, c'est qu'elle ne laisse pas baisser l'attention chez le public. Et pour cause ! Ces solos de zouk, rythme kabyle et zydeco (le rock cajun et marécageux de Louisiane). Souad Massi fera fort, en extirpant son public en or avec l'énergique, electro, tindi et afro-beat Ilham. Et où elle sort sa « griffe » de bête de scène. Là, la salle s'est embrasée en s'éclatant à fond... la forme ! Rappelée par son « fan-club » (connaissant par cœur et chœur ses chansons), Souad Massi interprétera en bis repetita Ilham en guise de finish ! Ce fut une Massi...ve Attack de Souad ! Cependant, on aimerait bien la revoir pour une tournée nationale et qu'elle invite Attakor en guest star ! Car on l'aime, on l'adore ! Mesk Elil/Souad Massi 1CD/Beïda Diffusion (2005) Site officiel : www.souadmassi.com.fr