La compagnie nationale aérienne Air Algérie traverse, certainement, la plus grave crise de son existence. Sans aller jusqu'à dire qu'elle est au bord de la faillite, néanmoins, le bouclage aérien imposé par les hautes autorités du pays depuis la propagation de la pandémie de coronavirus, a gravement impacté les finances de la compagnie aérienne, déjà en difficultés avant le début de la crise du coronavirus. Des pertes estimées, selon les chiffres officiels, à 40 milliards de dinars en 2020. Un manque à gagner, pour ne pas dire perte, qui ne fait que s'accentuer du fait que depuis mars 2020 l'activité d'Air Algérie se limite aux opérations de rapatriement et à l'activité cargo. D'autant que même le trafic domestique a été suspendu pendant plusieurs mois pour ne reprendre que le 6 décembre 2020 et de manière partielle: à 50% dans le Nord et à 100% dans le Sud. En raison de ce déficit financier prononcé, la compagnie Air Algérie risque de se confronter à la faillite de sa trésorerie. D'ailleurs, la compagnie peine à couvrir les salaires de ses 9600 employés. Pour faire face au déficit budgétaire et les pertes enregistrées, Air Algérie compte solliciter un prêt gouvernemental. En effet, une source au sein du conseil d'administration d'Air Algérie a révélé au site arabophone Al-Arabi Al-Jadeed que «la compagnie étudiera lors du conseil d'administration prévu le 7 mai prochain la question de la demande d'un prêt gouvernemental afin de faire face au déficit budgétaire». Selon la même source «le prêt est estimé à 120 milliards de dinars, soit 910 millions de dollars, dont une partie est destinée à couvrir les dépenses de l'entreprise et les salaires d'environ 10000 travailleurs, une partie à rembourser les dettes de l'entreprise, et une troisième partie aux investissements étrangers», sinon à obtenir la garantie de l'Etat pour un prêt équivalent à cette somme. D'autant que l'Etat refuse catégoriquement d'ouvrir le capital de la compagnie aérienne nationale. Une question de souveraineté. Pour rappel, la situation pandémique a obligé Air Algérie à clouer ses avions au sol, soit le pire scénario pour une compagnie aérienne. En attendant de reprendre du service à l'international, les avions d'Air Algérie sont «stockés» à l'aéroport d'Alger. Et leur maintien coûte une fortune. Dans ce cadre, la même source rapporte que le syndicat des travailleurs d'Air Algérie aurait suggéré au conseil d'administration de «placer l'entreprise sous la tutelle du Premier ministre, de mettre tous ceux qui ont atteint l'âge de 56 ans à la retraite, ainsi que de renégocier le dossier de la retraite anticipée». Entre-temps, le ministre des Travaux publics et des Transports avait présenté, le 24 mars dernier, lors d'une réunion du gouvernement, l'ambition d'améliorer la qualité de service d'Air Algérie. Or, l'urgence est dans la survie de la compagnie nationale, une flotte d'à peine 56 appareils. Une question de vie ou de mort pour les 10 000 salariés. Et si rien n'est fait dans l'immédiat la compagnie risque de piquer dangereusement du nez, le crash sera inévitable.