Une quarantaine de partis politiques sont d'ores et déjà hors course pour les législatives anticipées du 12 juin prochain. En effet, sur 56 formations politiques ayant retiré les formulaires de candidature, seulement 16 ont réussi à franchir l'étape de récolte des signatures, dont le nombre exigé est de 25 000 à mobiliser dans un minimum de 23 wilayas, avant que le président Abdelmadjid Tebboune ne décide de prolonger, par ordonnance, de cinq jours les délais de dépôt des dossiers de candidature. De ce fait, ces formations se retrouvent, de facto, exclues de la course électorale. Parmi ces formations, on retrouve l'Alliance nationale républicaine (ANR) de Belkacem Sahli, le Mouvement Ennahda de Yazid Benaicha ou encore l'Union des forces démocratiques et sociales (Ufds) de Noureddine Bahbouh, sans oublier le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati et le parti Tajamou Amel El Djazaïr (TAJ) de Fatma Zohra Zerouati, ainsi que le parti Talaie El Hourriyet de l'ancien candidat malheureux à la dernière présidentielle, Ali Benflis. Le règne des partis traditionnels est-il à bout de souffle? Pour les observateurs de la scène politique, il est normal que les partis traditionnels s'essoufflent. Le déclin des partis traditionnels n'étonne pas. La confiance est perdue. Certains leaders de grands partis sont aujourd'hui au gouvernement. Dès lors, ils sont aussi bien dans la majorité que dans l'opposition. De facto, ils sont les deux, donc inaudibles. En effet, ces dernières décennies, les partis politiques, malgré leurs diverses tentatives, ont perdu leur popularité et même leur légitimité. Ils semblent aujourd'hui incapables de persuader les citoyens-électeurs de s'engager dans le processus politique, notamment avec la prolifération des partis politiques. Une prolifération loin d'être la conséquence d'une activité politique intense ou idéologique, mais bel et bien en raison de l'effritement et des guerres de leadership au sein des partis en activité, d'une part, et, la naissance de nouveaux petits partis dépourvus de tout ancrage populaire d'autre part. Ainsi, en l'absence de répartitions partisanes, idéologiques et intellectuelles dominantes de la vie politique, le champ politique apparaît toujours anormalement ouvert et en transformation perpétuelle à travers l'émergence de nouveaux partis politiques et les indépendants. Une instabilité loin d'être l'apanage d'un parti ou d'un courant. Mais ce qui a davantage détérioré l'image du parlementaire est l'alliance contractée entre l'argent «sale» et le politique. Une alliance ayant contribué à la décadence de l'action politique et partisane, d'une part, et, au rejet de l'implication des citoyens dans le processus politique d'autre part, ce qui a engendré, également, une réticence à tout scrutin. Une réticence justifiée par l'ampleur de la corruption ayant gangrené les structures de l'Etat. De ce fait, l'enthousiasme des Algériens à la «chose» politique a pris un sacré coup. Compte tenu de la forte baisse de popularité des partis politiques, en particulier des partis au pouvoir et de l'absence du parti présidentiel, espérer un taux de participation dépassant les 30% au prochain suffrage relève de l'utopie, tant les citoyens sont beaucoup plus préoccupés par leur pouvoir d'achat. La seule nouveauté résidera dans les nouveaux visages des députés du fait que ceux ayant accomplis deux mandats, précédemment, ne sont plus éligibles.