C'est là l'avis de deux criminologues français qui ont animé hier une conférence-débat à Alger. «L'Algérie est au début de son aventure en termes de lutte contre le crime organisé», notera sans ambages M.Xavier Raufer, expert en criminologie et enseignant au département de la recherche sur la menace criminelle relevant de l'Université de Paris Panthéon (France). C'est ainsi que s'est exprimé ce spécialiste de la criminologie au cours d'une conférence-débat sur le thème des «menaces contemporaines et leur détection de d'une manière précoce». Un événement qu'a abrité hier l'Ecole supérieure de police de Chateauneuf et que M.Raufer a animé conjointement avec M.François Haut, un collègue à lui. Xavier Raufer laissera entendre, en outre, au cours de son exposé au sujet de l'apparition de la criminalité organisée en Algérie, que la naissance de ce phénomène est conçue telle une suite logique pour un pays comme le nôtre qui a eu à affronter dix années durant l'hydre du terrorisme. «Il n'y a aucun doute que certains criminels, activant jadis dans les rangs des terroristes, vont se reconvertir dans la criminalité organisée», devait en effet expliquer M. Raufer. Ainsi, cette remarque faite par un expert d'envergure internationale conforte les propos tenus, il y a de cela quelques mois par le patron de la Dgsn qui relèvera au cours d'un point de presse tenu à Alger, l'infiltration de certains repentis au sein de réseaux de la criminalité organisée. De plus, un tel fait a été bel et bien vérifié sur le terrain, et en ce sens il y a lieu de rappeler le scandale de la Badr de Birkhadem (Alger) qui a fait l'objet d'une attaque à main armée perpétrée par des anciens terroristes repentis. D'autre part, M.François Haut a souligné, dans sa conférence que la méthode classique mise en place pour venir à bout de la criminalité a, selon lui, montré ses limites partout dans le monde. Cela est dû, a-t-il insisté, à la mondialisation du crime et à la mondialisation tout court, car il se trouve que l'évolution du monde notamment en termes de progrès réalisée dans le domaine des technologies tel que l'Internet à titre illustratif ont beaucoup contribué au profit des criminels. Lesquels criminels, qui de l'avis de M. Raufer, ne connaissent pas de notion de spécialisation dans un fléau où dans d'autres puisque, poursuit l'orateur, M. Raufer ajoutera que le crime d'aujourd'hui est «multiforme», en faisant ainsi allusion au fait que les adeptes de la criminalité peuvent exister au sein même des centres de décision. Il notera également que l'Union européenne «ne fait rien» pour combattre le phénomène de trafic de cocaïne qui, à l'en croire, provoque des ravages dans la région des Balkans. Notons enfin que les deux experts s'accordent à dire que l'objectif premier de la criminologie, dont ils sont tous deux spécialistes, n'est autre que celui de la détection précoce des desseins criminels et qu'en termes de détection des projets terroristes «le mieux c'est de recourir à la coopération bilatérale entre tous les Etats de la planète» concluent les deux experts.