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«Nous voulons la vérité des faits sans complexes» À la veille de la commémoration des évènements du 8 mai 1945 : Le président du Sénat, Salah Goudjil, s'exprime pour la première fois dans une interview à l'Expression sur les questions mémorielles
L'homme a l'Algérie chevillée au corps. N'était-il pas parmi les premiers à transcender le colonialisme pour «visualiser» cette Algérie, libre, indépendante, prospère et souveraine d'aujourd'hui? N'a-t-il pas mis toute son énergie physique, mentale, intellectuelle pour réaliser son rêve qui était celui de millions d'Algériens pris dans la nasse impitoyable d'un système raciste et inhumain? Profondément injuste et criminel pour tout dire. Les massacres du 8 Mai 1945 et tous ceux qui les ont précédés au XIXe siècle ont renforcé sa détermination et sa fougue de militant. Ils ont aussi façonné le combattant qu'il fut aux côtés du grand Mustapha Benboulaïd. Salah Goudjil n'est pas un homme comme les autres. C'est un «éternel guerrier» qui n'a jamais déposé les armes. Dans les maquis de la Guerre de libération, dans le comité central du FLN, dans son bureau politique. Il a défendu crânement ses idées qui, dit-il, se confondent avec celle de l'appel du 1er Novembre 1954. Dans son parcours de militant et de haut responsable, n'a-t-il pas hésité à revenir à la plus petite cellule de la République, l'APC, pour solliciter le suffrage des citoyens, mieux pour se ressourcer aux principes mêmes de la révolution. C'est dire que dans l'esprit de Salah Goudjil, une carrière politique n'est pas verticale. Elle est fonction des missions que l'on se donne, de la passion pour l'intérêt public et de l'idée que l'on se fait du citoyen lui-même, le seul et premier centre d'intérêt d'un politique digne de ce nom. Aujourd'hui, Salah Goudjil est président du Conseil de la nation. Deuxième personnage de l'Etat! Dans l'entretien qu'il nous a accordé, il aborde l'actualité de l'heure. Sans fioritures, sans maquillage et en toute sincérité. Il pose son diagnostic et préconise en même temps sa thérapie. Mais avant, et il aime tant à le rappeler, le présent est toujours conditionné par le passé. Rien qu'à ce titre, la date du 8 Mai 1945 est certes fondatrice, mais elle est la conséquence d'une série d'autres faits historiques, tout comme le 1er Novembre 1954, le 5 Juillet 1962 et l'avènement de la Nouvelle République. En lui prêtant l'oreille, l'on sent parfaitement cette intime liaison qui fait l'Histoire de l'Algérie, ses relations avec l'ancienne puissance occupante, son authentique aspiration pour une démocratie responsable, algérienne et certainement pas mimétique. L'Expression: Nous sommes à la veille du 76ème anniversaire des massacres perpétrés par l'armée coloniale à Sétif, Guelma et Kherrata. Que vous inspire cette date, en tant que moudjahid et deuxième personnage de l'Etat? Salah Goudjil: Effectivement, nous sommes à la veille du 76ème anniversaire des massa-cres du 8 Mai 1945. Cette sinistre date reste gravée en lettres de sang versé par des dizaines de milliers de civils qui manifestaient pacifiquement et tués dans des massacres horribles à travers plusieurs villes du pays. Ces massacres demeureront à jamais un épisode tragique ayant marqué la politique génocidaire de la France coloniale. Ils restent ancrés dans la mémoire collective du peuple algérien car ils démontrent toute la cruauté du colonialisme et ses violations innombrables des droits humains, sans que cela ne soit reconnu par ses auteurs et ses inspirateurs. En parallèle, ces tueries inhumaines ont constitué un tournant décisif dans le combat héroïque du peuple algérien pour son indépendance et son affranchissement du joug colonial. Cette date nous impose également de nous rappeler en permanence les sacrifices des glorieux chouhada grâce à qui l'Algérie jouit de l'indépendance et de la liberté. Par ailleurs, en tant que moudjahid, j'estime que cet anniversaire constitue une occasion pour se remémorer tous ceux qui se sont sacrifiés depuis 1830 pour le recouvrement de l'indépendance et mettre fin à l'un des colonialismes les plus abjects, qui n'a pas cherché seulement à spolier les biens de ce peuple, mais aussi de le dépouiller de sa personnalité et de son identité tout en essayant de l'éradiquer pour appliquer la triste règle de «une terre sans peuple, non pas pour un peuple sans terre, mais pour le rebut de l'Europe, bagnards et criminels». Le 8 Mai 1945 était la réponse réservée par le colonialisme aux Algériens qui ont contribué à libérer la France du nazisme C'est l'occasion de se rappeler la réponse réservée par le colonialisme aux Algériens qui ont contribué à libérer la France du nazisme en payant le tribut le plus lourd. Une réponse faite de sang et de larmes, en assassinant froidement de la manière la plus barbare des dizaines de milliers de civils algériens, sans distinction d'âge ou de sexe, faisant 45 000 morts qui ont rejoint la longue caravane de martyrs tombés au champ d'honneur depuis le débarquement des forces coloniales à Sidi Fredj le 5 Juillet 1830. La France officielle a reconnu la cruauté de la répression coloniale des manifestations du 8 Mai 1945 et le président Macron a fait d'autres pas sur le chemin de la réconciliation des mémoires. Comment estimez-vous le travail de mémoire réalisé par l'Etat français ces 59 dernières années? Avant de répondre à votre question, je saisis cette opportunité pour rendre hommage au président de la République, M.Abdelmadjid Tebboune, en rappelant que le mérite lui revient amplement pour avoir décrété la journée du 8 Mai, Journée nationale de la mémoire, afin que les sacrifices des chouhada ne sombrent pas dans l'oubli. Pour revenir à votre question, Il est tout à fait clair que, le président Macron, a eu le courage de faire des pas importants sur le chemin de la réconciliation des mémoires en disant que la colonisation était un crime contre l'humanité et en montrant un esprit très réceptif et compréhensif, notamment par rapport à la requête algérienne en relation avec le rapatriement des crânes des résistants algériens contre la France coloniale. Le chemin est encore long pour arriver à une totale réconciliation des mémoires Seulement, il faut le dire sereinement, que le chemin est encore long pour arriver à une totale réconciliation des mémoires. Néanmoins, il faut rappeler que, le travail fait par les Français s'est limité à la période 1954-1962 occultant plus de 125 ans d'avilissement du peuple algérien de génocide; d'acculturation et de tentatives d'effacement de son identité, c'est-à-dire la période de 1830 à 1954. Il est vrai que le président Macron a pris quelques initiatives et décisions courageuses dans le sens de la réconciliation mémorielle, cependant, les lobbies anti-algériens et les groupes d'influence d'extrême droite et des nostalgiques de l'Algérie française pèsent encore de tout leur poids sur ce dossier notamment. Preuve en est le rapport établi par Benjamin Stora récemment et remis au président Macron, que j'ai qualifié et que je qualifie toujours d'affaire franco-française, car il a éludé beaucoup de questions importantes, notamment celle de la reconnaissance des crimes du colonialisme et la question des excuses. Les essais nucléaires au sud du pays n'ont, à aucun moment, été cités par les autorités françaises comme un crime colonial perpétré contre le peuple algérien. La question de la reconnaissance de ce crime et l'obligation de réparation devraient-elles être la nouvelle bataille de l'Etat algérien dans le cadre du dialogue des mémoires? Les essais nucléaires français effectués lors de la colonisation au Sahara algérien et les conditions dans lesquelles ils ont été réalisés continuent à ce jour, de faire sentir leurs effets pour le moins, dramatiques, autant sur la population que sur l'environnement. Ces essais constituent des séquelles flagrantes de la colonisation française de l'Algérie. Ils sont également une partie intégrante des questions de mémoire qui continueront à peser sur les relations entre l'Algérie et la France. Par ailleurs, les essais nucléaires français destructeurs confèrent le caractère criminel à cette politique de colonisation qui a duré 132 années et représentent des preuves irréfutables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité aux yeux du droit international. En somme, ces essais nucléaires criminels imposent à la France, non seulement un devoir de reconnaissance et d'atténuation des conséquences sur les populations algériennes, mais aussi une obligation de réparation comme ça a été fait ailleurs. C'est l'un des dossiers qui méritent reconnaissance de qualité de crime de guerre et exige réparation. Donc, il ne s'agit pas d'une seule bataille pour un seul dossier, mais un travail global qui doit aboutir à qualifier tout le colonialisme de crime de guerre et de remettre en cause cette aberration relative aux bienfaits du colonialisme. Quels bienfaits? Peut-on considérer le génocide visant l'éradication des populations d'origine de bienfait, la population algérienne a baissé de manière drastique entre 1830 et 1870? Peut-on considérer les enfumades du Dahra de bienfait? L'acculturation du peuple algérien, le déni de sa personnalité sont- ils un bienfait? À mon sens, les bienfaits dont parle la loi adoptée par le Parlement français, il y a des années de cela, ce sont les bagnards transformés en propriétaires terriens et les criminels transformés en maîtres esclavagistes. Donc, le dossier des essais nucléaires et l'utilisation des Algériens, sans vergogne comme des cobayes et la reconnaissance de ce crime fait partie d'un tout. En débattant du dossier mémoriel avec la France, il faut le discuter dans un cadre global afin d'aboutir à une entente générale. Le dialogue des mémoires, justement, a connu une poussée symbolique avec la restitution des crânes de moudjahidine entreposés depuis le XIXe siècle dans un musée en France. Trouvez-vous qu'il est sur la bonne voie, notamment avec la déclassification par le président Macron des archives de la colonisation? Le rapatriement des crânes des résistants algériens contre la France coloniale, a montré la bonne volonté de M.Macron en répondant favorablement à la demande algérienne. La déclassification des archives de la colonisation est aussi un fait significatif. Toutefois, il serait important de rappeler que ce grand événement que fut le rapatriement des crânes de nos valeureux résistants a été essentiellement le fruit d'efforts nationaux acharnés à des niveaux officiels et académiques. Ces essais nucléaires criminels imposent à la France un devoir de reconnaissance et une obligation de réparation Vous savez, le dossier de la mémoire a toujours constitué une donnée importante dans les relations entre les deux pays. De ce fait, la mémoire demeure la pierre angulaire de l'histoire de toute nation. Une nation sans mémoire est une nation sans âme et sans perspectives. La mémoire permet à l'histoire d'être la conscience vive de toute nation. La mémoire collective qu'écrivent les groupes et les individus est par la suite transmise aux générations futures, pour constituer un des fondements de l'identité nationale, qu'elle soit individuelle ou collective. Partant de cet exposé sur l'importance de la mémoire, je dirai que cette question doit être traitée dans le cadre d'un dialogue d'Etat à Etat, indépendamment des personnes, des groupes et autres cercles. Par ailleurs, un règlement juste de ce lourd dossier de la mémoire exige de considérer l'Histoire à sa juste nature, c'est-à-dire un processus permanent qui ne saurait être compartimenté en des périodes tout comme ne pourrait l'être la période d'occupation coloniale de l'Algérie allant de 1830 au 5 Juillet 1962. Cela nécessite également une lecture objective et non conjoncturelle de l'Histoire qui serait à même d'aider les deux pays à transcender les séquelles du passé douloureux. Le dossier doit être traité de manière globale. La volonté des deux présidents Tebboune et Macron est régulièrement entravée par des déclarations et des actions lancées par des lobbies colonialistes. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet? Je partage tout à fait l'optimisme qui laisse penser que l'Algérie et la France sont appelées à connaître des lendemains meilleurs, notamment grâce à la volonté politique montrée par les deux chefs d'Etat. Néanmoins, il y aura toujours des parties qui voudront parasiter tout rapprochement et réchauffement des relations entre Alger et Paris. Ces parties sont comme vous dites, des lobbies colonialistes qui sont restés embastillés dans la logique haineuse et raciste des nostalgiques de l'Algérie française et qui gravitent souvent autour des milieux politiques et intellectuels d'extrême droite. C'est pourquoi, il serait important de régler avec responsabilité et objectivité les problématiques liées à la question de la mémoire. Il faut également signaler, que ces milieux revanchards, connus pour leur hostilité viscérale et historique envers l'Algérie, exploitent conjoncturellement ces problématiques liées à la question de la mémoire pour envenimer les relations entre nos deux pays. Cela leur permet également de freiner toute trajectoire de coopération et de brouiller toute entente cordiale entre l'Algérie et la France. Partant de là, il est clair que le règlement du dossier mémoriel tel que souhaité par l'Algérie n'est pas chose aisée eu égard aux résistances des lobbies qui veulent nuire aux relations algéro-françaises, qui bénéficient malheureusement du soutien de pays qu'on considère amis et frères. Des milieux revanchards et haineux freinent toute trajectoire de coopération et d'entente entre l'Algérie et la France Aussi, un grand travail et de grands efforts sont à fournir dans cette voie de règlement du dossier de la mémoire, notamment du côté français. L'Algérie vit depuis le 22 février 2019 un tournant historique. Pensez-vous que le processus suivi actuellement apporte la garantie de la stabilité future attendue par les Algériens? Notre pays vit une aire d'édification de la Nouvelle République sous la conduite du président de la République Monsieur Abdelmadjid Tebboune, dont les prémices ont apparu avec le sursaut béni du peuple, un certain 22 Février 2019 qui, avec l'accompagnement de l'Armée nationale populaire (ANP) digne et méritante héritière de l'Armée de Libération nationale (ALN), ont épargné à notre pays le glissement vers un processus aux conséquences dangereuses et qui auraient déstabilisé les fondements de l'Etat. Il s'agit d'un renouveau national que le président de la République a entamé au lendemain de son élection le mois de décembre 2019, en lançant d'importants chantiers, avec en prime, celui relatif à la révision constitutionnelle, suivie de la promulgation de la nouvelle loi organique portant régime électoral qui encadrera les prochaines élections législatives. Tous ces éléments montrent clairement que le pays est sur la voie de la stabilité, de la consolidation démocratique et de l'avènement d'une Algérie nouvelle. Donc, l'on ne peut que nourrir de grands espoirs quant à l'avenir qui attend ce pays, avec l'implication et la contribution de tous ses enfants et ce en dépit des tentatives de déstabilisation que ne cessent de fomenter les ennemis internes et externes du pays; qui sont voués à l'échec grâce à la vigilance de notre Armée nationale populaire digne et méritante héritière de l'Armée de Libération nationale. Quelle devrait être, selon vous, la principale mission de la nouvelle classe politique que sécrèteront les prochaines élections législatives? La révision de la Constitution a mis en place des dispositions qui traduisent une réelle volonté politique d'aller vers une démocratie plus consolidée et une Algérie plus moderne, respectueuse non seulement de ses valeurs ancestrales et son référentiel novembriste, mais aussi des valeurs universelles. Ne cédons pas au chant des sirènes émanant de certains cercles qui veulent détruire ce pays Ces nouvelles dispositions dont celle qui porte sur la limitation du nombre de mandats parlementaires à deux a encouragé le renouvellement de la classe politique. C'est le cas aussi de la nouvelle loi organique portant régime électoral qui va favoriser l'émergence d'un nouveau personnel politique. Avec le renforcement des prérogatives du Parlement en matière de contrôle ou de droit de regard et la limitation du privilège de l'immunité parlementaire exclusivement à la pratique parlementaire, tout cela renforcera la dimension souveraine populaire exercée par les représentants du peuple. Les futurs parlementaires pourront donc exercer pleinement leurs attributions de contrôle et d'évaluation des actions du gouvernement, ce qui confortera le pouvoir législatif et approfondira la pratique démocratique dans notre pays. Cette nouvelle classe politique, autant que l'Etat algérien, sont confrontés aux tentatives de déstabilisation émanant de l'extérieur et de l'intérieur du pays. Quelle importance accordez-vous au front interne auquel appelle le président de la République? Notre pays a toujours surmonté les dangers internes et externes qui planaient sur son destin. L'Algérie est entrée depuis le 12 Décembre de l'année 2019 dans une phase des plus cruciales de son histoire, qui va la projeter vers un futur des plus prometteurs. Toutefois, nous devons nous rappeler que la stabilité du pays a, en tout temps, fait l'objet de tentatives de déstabilisation sur la base de plans ourdis à l'intérieur et à l'extérieur. Néanmoins, malgré toutes ces conspirations et grâce à un front uni malgré toutes nos divergences, l'Algérie a résisté, restant debout tout en préservant l'indépendance de sa décision politique. Ainsi, tout un chacun est appelé à placer l'Algérie et ses intérêts au-dessus de toute considération. Il est certain que les visions politiques diffèrent et l'unanimisme n'existe pas, cependant le minimum autour duquel on peut tous s'entendre, quelle que soit notre obédience, reste l'Algérie son unité et son intégrité. Il ne faut pas céder aux chants des sirènes émanant de certains cercles qui veulent détruire ce pays, ni être des pantins à la solde de cercles occultes et l'Algérien a toujours été conscient de cela et a toujours fait preuve de patriotisme et mis à bas les complots visant son unité, à l'instar du soulèvement populaire du 11 Décembre 1960 qui a annihilé la décision de De Gaulle d'inclure une troisième force dans les négociations entre la France et le GPRA. La relance économique est une donne essentielle dans la stabilité du pays. Comment évaluez-vous le gouvernement sur les questions, sachant que les enjeux économiques sont intimement liés aux aspects stratégiques? La stabilité politique et le développement économique sont intimement liés. Ils sont liés par une relation de cause à effet. Le président Abdelmadjid Tebboune a fait de la relance économique son cheval de bataille, par le développement de l'industrie locale; la réduction des importations et l'encouragement de l'entrepreneuriat local à travers les start-up. En tenant compte de la dynamique de changement serein vécue par le pays ces deux dernières années et en prenant en considération les effets négatifs de la pandémie liée à la Covid-19 sur notre économie, je dirai que le gouvernement a tenu bon durant cette phase difficile. Maintenant, pour ce qui est de la relance économique, il est tout à fait indiscutable qu'elle représente une donne essentielle dans la stabilité du pays. Elle est inévitablement liée au projet de la Nouvelle République, sachant que le président Abdelmadjid Tebboune s'est engagé à plusieurs reprises à réformer l'économie, qui reste dépendante de la variable pétrolière à travers le développement d'autres secteurs, et la recherche de nouvelles sources de financement. Dans cette optique, le plan de relance économique et sociale surgit comme une assise qui est adossée aux secteurs produisant la richesse et stimulant la croissance, ce qui en fait le chantier économique pour la mise en oeuvre de son programme présidentiel, après avoir consacré le début de son mandat présidentiel au chantier politique. Le retour de l'Algérie sur la scène régionale et internationale a gêné certains intérêts et rebattu les cartes sur l'important dossier du Sahara occidental, notamment. En tant que deuxième personnage de l'Etat, comment appréciez-vous le déploiement de la diplomatie algérienne? Et qu'en est-il de la diplomatie parlementaire, dont vous êtes le premier acteur? Il est largement établi que notre pays a redynamisé sa présence diplomatique, notamment pour ce qui est de son espace géopolitique immédiat. On a réaffirmé notre présence dans la région du Sahel en restant attentif et préoccupé par ce qui touche nos voisins comme le Mali, et tous les pays du Sahel. Il y a également notre insistance sur l'intérêt de l'Algérie sur tout ce qui touche à la Libye en mettant l'accent sur notre approche de principe et ce depuis 2011, pour la résolution de la crise en favorisant le dialogue politique inclusif, la réconciliation et la non-ingérence étrangère dans les affaires internes de la Libye. Nous avons également et bien entendu les deux questions qui ont trait à la colonisation, à savoir la Palestine et le Sahara occidental auxquelles notre pays adopte des positions immuables et de principe. Le conflit au Sahara occidental est une question de décolonisation. Il s'agit de la dernière colonie en Afrique qui nécessite de lui trouver une solution dans le cadre de la légalité internationale et des résolutions onusiennes, à leur tête la résolution 15-14 qui octroie aux peuples colonisés le droit à l'autodétermination, ce qui s'applique également au peuple sahraoui. Toutefois, les tergiversations et les tentatives de fuir les responsabilités ont empêché la réalisation d'une solution juste à ce conflit qui menace la paix et la stabilité dans la région, tout en portant atteinte à la crédibilité des Nations unies. En ce qui concerne la question palestinienne, je paraphraserai les propos du président de la République en réitérant la position constante de l'Algérie vis-à-vis de la cause palestinienne qui est «sacrée pour nous et pour l'ensemble du peuple algérien». L'Algérie a toujours adopté une position constante et inconditionnelle en faveur du peuple palestinien pour le recouvrement de tous ses droits spoliés et à l'établissement de son Etat indépendant et souverain sur les frontières de 1967 avec El-Qods pour capitale. Par ailleurs, notre pays a de tout temps exprimé ses vives préoccupations et ses fermes condamnations de toutes les violations et atrocités perpétrées régulièrement par l'armée israélienne contre les Palestiniens en général et les habitants de Ghaza en particulier. Maintenant pour ce qui est du second volet de votre question, si on répertorie toutes les actions initiées et menées par le Conseil de la nation en relation avec la diplomatie parlementaire, je dirai, qu'elles se situent profondément et en toutes circonstances dans l'optique de défendre l'intérêt suprême de la nation et en réponse aux tentatives d'atteinte à l'unité nationale. La diplomatie parlementaire nous a offert aussi l'opportunité de faire face aux ingérences étrangères dans nos affaires internes sous le couvert ou le prétexte du subterfuge de la protection des droits de l'homme et des libertés individuelles. Il est clair que les ennemis de l'Algérie visent l'armée qui est l'épine dorsale de la République Cette présence diplomatique parlementaire qui vient en complémentarité avec la diplomatie traditionnelle du pays nous a permis de démontrer que ces ingérences n'étaient en fait que des allégations sans fondement que l'on a pu réfuter en usant de tous les moyens et tribunes. C'est par la voie de la diplomatie parlementaire que les Parlements assument des rôles de grande importance en matière de protection et de promotion des droits de l'homme; de coopération internationale et de développement. L'action diplomatique parlementaire offre à l'institution législative, l'occasion d'être présente dans des instances internationales inaccessibles ou difficiles d'accès à la diplomatie traditionnelle. Le Parlement met, en fin de compte, à profit sa présence dans ces instances aux fins de défendre les intérêts du pays. Les agissements du Maroc et de l'entité sioniste ciblent clairement l'Algérie. Quelle devrait-être, selon vous, sa riposte face à la menace clairement exprimée? Les agissements du Royaume chérifien sont connus et ce dès le lendemain de l'indépendance, notamment à travers ses velléités expansionnistes. L'alliance contre nature qu'il vient d'établir avec l'entité sioniste n'a fait que confirmer et donner un cachet «solennel à une collaboration entre les deux parties qui datent de dizaines d'années. Les deux parties ont des similitudes dans plusieurs points... notamment le fait qu'ils soient des pays occupants de territoires qui ne sont pas les leurs et privent deux peuples de jouir de leurs droits légitimes, faisant fi des principes et des décisions de la légalité internationale. Il faut ajouter que, perdant du terrain concernant le dossier du Sahara occidental marqué par les revers diplomatiques enregistrés, ces derniers mois, en Afrique et à travers le monde, le Maroc se rabat toujours sur son voisin l'Algérie qu'il accuse de tous les maux et son alliance avec Israël est un épouvantail qu'il brandit à la face du pays du million et demi-million de martyrs. Cependant, l'Algérie est vigilante face aux menées et aux visées de ces deux régimes. L'Histoire nous montre clairement qui sont nos amis et qui sont nos ennemis. Il y a une autre vérité qu'il faudrait aussi souligner, c'est que les dangers qui nous guettent peuvent se situer à la fois, à l'extérieur et à l'intérieur du pays. Cependant, il y a une autre vérité que tout le monde devrait prendre en compte aussi. Les ennemis de l'Algérie n'apprécient guère que l'Algérie soit forte et debout. Il est clair qu'ils visent l'Armée nationale populaire parce que c'est l'épine dorsale de l'Etat, tout comme ils ne veulent pas que l'Algérie soit un Etat démocratique. La démocratie véritable qui confère une immunité à l'Etat et qui barre la route à l'ingérence d'autrui dans nos affaires internes, leur fait peur. Par conséquent, nous sommes appelés à être vigilants et à adopter une veille stratégique multidimensionnelle, tout en faisant passer en priorité les intérêts suprêmes du pays avant tout autre considération. D'où la nécessité du front interne auquel appelle le président de la République. Aussi, l'Armée nationale populaire digne héritière de l'Armée de Libération nationale est à même, vu le degré de professionnalisme qu'elle a atteint, ainsi que l'ensemble des services de sécurité, de faire échec à tout complot.