Au moment où les relations observent un arrêt brusque, les liens militaires semblent mieux se porter. Après six jours passés dans la baie d'Alger-un record-, le détachement de la marine militaire française a quitté, hier, le port d'Alger pour continuer son périple méditerrano-africain, entamé par l'état-major des Forces navales françaises il y a plusieurs mois. Le porte-hélicoptères Jeanne-d'Arc et la frégate anti-sous-marine Georges-Leygues, faisant partie du détachement naval de la marine française, avaient accosté le port d'Alger le 26 avril dernier, pour une escale de six jours. Cette escale qui a été programmée de longue date, avait été clôturée par des exercices en mer avec la participation de deux unités des forces navales, à savoir une unité du service des gardes-côtes et une corvette lance-missiles. Lors de sa conférence de presse donnée le jour-même de son accostage au port d'Alger, le commandant du porte-hélicoptères français Jeanne d´Arc, le capitaine de vaisseau Gilles Tillette de Mautort avait annoncé la couleur et dévoilé les prétentions françaises: «La Méditerranée doit être un endroit où l´on doit coopérer entre marines du bassin méditerranéen pour savoir ce qui s´y passe», a-t-il indiqué. Le capitaine Tillette de Mautort a précisé, lors de la même conférence de presse organisée à bord du Jeanne-d´Arc, que ce navire forme, avec la frégate Goerges-Leygues, «un groupe école qui intervient également dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue ou la piraterie». Il a également indiqué que dans le cadre de sa mission de formation, ce groupe comprend 26 élèves officiers étrangers, dont deux Algériens. Lors de son escale à Alger, jusqu´au 1er mai, le groupe école a notamment tenu à opérer «un exercice d´appareillage avec des unités de la marine algérienne. Cette escale intervient dans le cadre de la «coopération militaire» entre l´armée algérienne et l´armée française et s´inscrit dans le «programme des activités entre les forces navales algériennes et la marine française», selon les propos du chargé de la communication de la marine algérienne, le colonel Chérif Adnane. Elle vise également à «renforcer et consolider les relations entre les forces navales algériennes et la marine française», selon la partie française. Généralement, des manoeuvres de cette envergure tendent à optimiser les capacités des bâtiments intervenant en haute mer, et se distinguent par des exercices ciblant la communication navale, le contrôle maritime, la surveillance, le repérage, l'interception et la neutralisation des bâtiments suspects. Cependant, il y a lieu de noter que bien qu'une pareille initiative soit menée en Méditerranée par les navires de l'Otan et dirigée par Washington sous le nom de code «Active Endeavour» (Participation active), on comprend que le souci de la marine française est celui de contrôler tout aussi bien «devant sa porte», avec la participation active des Forces navales algériennes, avec lesquelles elle partage le même espace méditerranéen, les mêmes soucis sécuritaires, sans être pour autant partie prenante du Traité de l'Alliance. Selon la fiche technique du Jeanne-d'Arc, disponible sur le site web de la défense française, le navire porte-hélicoptères Jeanne-d'Arc possède des capacités d'emport d'une dizaine d'hélicoptères lourds et légers et peut mettre en oeuvre simultanément, en décollage et en appontage, trois hélicoptères. Il a été construit par l'arsenal de Brest entre 1959 et 1961 et sa mise à flot a été faite d'abord sous le nom de La Résolue. Le 16 juillet 1964, il a reçu le nom de Jeanne-d'Arc. En temps de paix, le navire sert de bâtiment-école, et en temps de guerre, à mener des missions de combat, soit dans le domaine de la lutte anti-sous-marine, en embarquant 8 hélicos WG 13 Lynx, soit dans le cadre d'une mission d'action extérieure en mettant en oeuvre des hélicos Puma ou Gazelle de l'aviation légère de l'armée de terre, et en transportant des troupes de débarquement. Cette visite, la troisième du genre à Alger pour le porte-hélicoptères Jeanne-d'Arc qui fait partie du groupement des écoles d'application des officiers, a ceci de particulier, en ce sens qu'elle intervient au plan militaire au moment où les relations politiques sont tendues et connaissent des pics de langage rarement atteints. Opération «Sécurité en Méditerranée» semble être le nom de mission algérien du porte-hélicoptères Jeanne-d'Arc et la frégate anti-sous-marine Georges-Leygues. Bons points pour les militaires au moment où les politiques enregistrent une décroissance curieuse des relations algéro- françaises.