Les vieux habitants de Matoussa, un village relevant de la commune de Chaâbet El Ameur, distant de près de 9 km à l'est du chef-lieu communal, gardent encore le souvenir du séjour du général charismatique Charles De Gaulle dans leur localité. En fait, c'est en 1939, à l'avènement de la Seconde Guerre mondiale, qu'arriva dans ce village, Charles De Gaulle, accompagné de sa famille. Il y passa six mois, si l'on se fie aux témoignages et narrations de deux octogénaires aux souvenirs encore vivaces, de cette époque, en l'occurrence, Bouzidi Ahmed et Kramli Mohamed, qui ont, toutefois, accepté de nous relater ces moments à coeur ouvert. «Il est arrivé à Matoussa avec sa famille en 1939, il avait avec lui une très importante escorte militaire. Une fois au village, il ne ressortait jamais sans son escorte. Pendant son séjour ici, il vaquait normalement à ses missions politiques et ser-vices militaires qu'il rejoignait chaque début de semaine, pour rentrer le lundi suivant et ainsi de suite», dira M.Bouzidi, qui travaillait comme cuisinier chez Brossete, un colon français. Ce dernier, avant l'arrivée inopinée et pour le moins inattendue du général, s'adonnait à l'extraction du liège en abondance dans cette région montagneuse à caractère forestier, qu'il expédiait ensuite à l'état brut vers le port de Marseille. Il a dû délaisser son activité pendant ce temps, et évacuer les lieux en faveur du nouveau venu, pour en faire un refuge. «Cette nouvelle résidence du général fut équipée en toutes commodités notamment en électricité et en téléphone, alors que les indigènes des alentours n'en soupçonnaient probablement même pas l'existence.» et dire que la colonisation avait une quelconque valeur civilisatrice, relève d'une réalité toute réinventée peut-être. Quant à son quotidien à Matoussa, un village perché à près de 1 700 m d'altitude sur un des endroits les plus culminants des hauteurs d'Aït Khalfoun, dominant une bonne partie de la Basse Kabylie, le général faisait des randonnées accompagné de ses nombreux gardes. Toutefois, nos hôtes affirment qu'en ce temps-là, ils ne mesuraient pas l'importance du personnage. Enfin, notons que le lieu où se trouve la maison du général, le hameau dit Aït Kara, jouxtant un massif forestier est déserté par ses habitants depuis plus d'une décennie en raison du terrorisme.