Les Algériens utilisent de plus en plus les TPE. 483.801 transactions réalisées par TPE, durant les trois premiers mois de 2021, pour un montant global de 3,165 milliards de dinars, affirme le tout dernier document du Groupe d'intérêt économique (GIE) Monétique. Le même document relève un paradoxe. Il atteste que le e-paiement peine à se généraliser en Algérie. Le nombre des TPE a atteint à fin mars dernier 38.144 terminaux, contre 29.469 une année auparavant, soit une hausse de 29,44%, affirme la même source. Une avancée notable. Mais, ce chiffre reste insuffisant. Il est faible par rapport à la densité du tissu économique national. Il y a lieu de rappeler dans ce sens que le nombre global des commerçants enregistrés au niveau du Centre national du registre du commerce (Cnrc) a atteint fin février dernier, les 2.145.067 commerçants. Le chiffre est aussi loin des objectifs tracés par le gouvernement ayant inclus depuis plus de deux années, plus précisément dans la loi de finances 2018, dans son article 111, l'obligation faite aux commerçants de proposer à leurs clients un TPE pour régler le montant de leurs achats. Une obligation qui a été repoussée deux fois. Le projet de loi de finances 2021 (PLF) avait proposé de la repousser, une nouvelle fois, d'une année. Dès lors une question taraude l'esprit. Se dirige t-on vers un troisième report de l'échéancier? Il semblerait que oui, à en croire le président de l'Association des commerçants et artisans (Anca), Hadj Tahar Boulenouar. Contacté hier, par L'Expression, ce dernier estime que «le délei de 7 mois restant pour finir l'année est difficile à concevoir si les conditions ne sont pas réunies pour favoriser le généralisation des Tpe.» En évoquant ce qui bloque le processus d'extension des TPE Boulenouar n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Tout en mettant l'accent sur la nécessité de doter les commerçants de l'outillage nécessaire, notre interlocuteur a relevé les difficultés rencontrées par les commerçant désirant se doter de ce moyen de paiement électronique. Chose affirmée par le bilan de GIE Monétique. Le document évoque, sans le dire, l'offre locale limitée en matière d'équipements. Ledit bilan a cité la capacité de production de l'Entreprise nationale des industries électroniques (Enie), principal fabricant de TPE en Algérie. «6.000 TPE ont été produits depuis le début de l'année en cours, destinés exclusivement pour satisfaire les commandes passées par le ministère des Postes et des Télécommunications,» précise la même source. Les TPE ont été distribués gratuitement pour les commerçants et opérateurs économiques. Toutefois, cette démarche à saluer, et qui s'inscrit dans le cadre des efforts consentis par les pouvoirs publics afin de généraliser l'utilisation des TPE, n'est pas suffisante. À ce rythme, le projet de généralisation des TPE pourrait ne pas être effectif. Qu'est-ce qu'il y a lieu de faire alors? L'importation de ce moyen de paiement électronique pour satisfaire la demande reste une solution qui pourrait être écartée. Cela, notamment avec la politique de rationalisation de l'utilisation des devises prônée par le gouvernement. Selon Boulenouar, la disponibilité des TPE qui fait défaut ne serait pas la seule raison qui pourrait expliquer leur timide taux de pénétration sur les espaces de vente. Le président de l'Anca, a estimé qu'«il faut convaincre les consommateurs de l'utiliser». Cela avant d'ajouter qu'un «travail de sensibilisation énorme est à faire pour convaincre commerçant et consommateur à se séparer du cash». La généralisation des TPE est une démarche qui s'inscrit dans le cadre des efforts consentis par les pouvoirs publics pour résoudre le récurrent problème du manque de liquidité. Elle est également avancée comme solution qui pourrait drainer une partie des importantes sommes d'argent circulant dans l'informel, de l'avis du professeur Abderrahmane Mebtoul. Ce dernier a déclaré que «la généralisation des TPE est une très bonne solution qui pourrait canaliser une partie de l'argent cash en circulation dans le marché parallèle». L'expert en économie n'a pas manqué de relever les limites de cette démarche et de se projet qui, selon ses dires, «risque de se perdre dans la nature comme toutes les décisions prises par l'Algérie depuis des décennies». Car, la réussite de la numérisation en général dérange. «Elle s'attaque directement aux intérêts de certains lobby et à leurs portefeuilles», a souligné le professeur Mebtoul.