C'est parti! La campagne électorale pour les législatives anticipées du 12 juin prochain s'est ouverte officiellement, aujourd'hui. Près de 17.000 candidats sont en lice pour un siège à l'Assemblée populaire nationale (APN). Ils sont répartis sur quelque 1.500 listes dont plus de la moitié présentée par des indépendants. Ces derniers et après avoir obtenu le quitus de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) pour prendre part à ce rendez-vous électoral, sont appelés à sillonner les différents coins du pays et multiplier les actions pour convaincre les électeurs d'aller voter, mais surtout d'opérer le «bon choix» pour faire entendre leurs voix à travers la prochaine législature. Durant trois semaines, les candidats à la chambre basse du Parlement devront se déployer auprès des électeurs en organisant des rassemblements, meetings et de multiples rencontres de proximité pour présenter leurs programmes et leurs visions respectifs de l'Algérie nouvelle. Cette élection qui sera inédite à plus d'un titre, étant la première à se tenir sous l'égide du président Tebboune et à être régie par la nouvelle loi électorale, va voir une participation remarquable de jeunes et de femmes, inscrits dans leur grande majorité sur des listes indépendantes. C'est dire que les indépendants s'imposent de fait comme la nouvelle force politique du pays et il n'est pas à écarter que ces derniers fassent un raz-de-marée lors du prochain scrutin, constituant, dans les toutes prochaines semaines, la nouvelle majorité présidentielle. Une nouvelle donne qui va, selon plusieurs analystes politiques, redistribuer les cartes et permettre l'émergence d'une scène politique dont les principaux acteurs seront loin de toute affiliation partisane. Les partis politiques, dont une grande majorité a perdu tout crédit auprès du peuple, vont être de fait, relégués à un second rôle et cela malgré leur tentative de «recyclage» à travers la présentation de nouveaux visages, jeunes et propres. Si un tel pronostic venait à se confirmer le 12 juin prochain, le changement promis se fera, à ne pas en douter, ressentir dans la future composante de l'Assemblée populaire nationale, longtemps dominée par deux partis au pouvoir, à savoir le FLN et le RND. Il faut préciser que lors du prochain scrutin et grâce à l'amendement de la loi électorale, l'argent sale a été écarté de la politique. Il n'y a plus aucun intérêt à payer pour être tête de liste puisque les membres de la prochaine législature seront élus avec le nouveau mode de «la liste ouverte à la proportionnelle». Il s'agit d'un tournant et un changement radical dans lequel le choix de l'électeur ne pourra être falsifié. Ce dernier pourra non seulement voter pour une liste, mais surtout choisir le candidat auquel il donnera sa voix. La nouvelle loi électorale se distingue également par la limitation à deux mandats parlementaires et l'obligation au candidat de ne pas être «connu de manière notoire pour avoir eu des liens avec l'argent douteux et les milieux de l'affairisme». Et concernant l'argent, le financement de la campagne constitue un des axes importants des changements dans ce scrutin. Le nouveau régime électoral interdit aux candidats de bénéficier de dons provenant de personnes morales, qu'elles soient publiques ou privées, et surtout de dons provenant de l'étranger. Il fixe également un seuil de dépenses à la fois pour les candidats comme pour les partis et instaure le contrôle. Pour les jeunes candidats indépendants, les dépenses de campagne seront prises en charge totalement par l'Etat. Il faut préciser, par ailleurs, que l'organisation de cette élection va coûter une enveloppe conséquente de 8,8 milliards de dinars. Dans le détail, le ministère des Affaires étrangères a eu une enveloppe de 670 millions de dinars, celui de l'Intérieur 7,195 milliards de dinars, la Communication a obtenu la somme de 785 millions de dinars et la Justice 150 millions de dinars. Cet argent est destiné à prendre en charge les dépenses liées à la préparation et à l'organisation des législatives du 12 juin.