«On peut toujours faire mieux pour améliorer les échanges économiques.» En visite depuis mardi en Algérie, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Abdelawahab Abdellah, a clos hier une visite de deux jours à Alger. Reçu par les plus hautes autorités de la République, dont le chef de l'Etat, le président du Conseil de la nation et le ministre des Affaires étrangères, M.Abdellah a déclaré que sa visite entrait «dans le cadre de la tradition de coopération et de concertation, dont les présidents Zine el-Abidine Ben Ali et Abdelaziz Bouteflika ont jeté la base». Qualifiant de «très satisfaisant» le niveau atteint par les relations entre les deux pays, le chef de la diplomatie tunisienne a affirmé que le champ de coopération demeure ouvert. «On peut toujours faire mieux pour améliorer davantage les échanges économiques algéro-tunisiens». A ce propos, M.Abdellah, a clairement mis en exergue un manque de rencontres régulières entre les classes dirigeantes des deux pays et émis le voeu de voir les responsables des deux côtés de la frontière se rencontrer plus fréquemment. Un souhait d'ailleurs, appuyé par une invitation aux deux chefs d'Etat de multiplier les visites à Tunis et Alger. Le diplomate tunisien a, en effet, estimé que «peut-être les deux présidents pourraient échanger des visites». L'on dénote, à travers les propos de M.Abdellah, une réelle volonté de tisser des liens denses entre les deux pays, déjà unis par un passé révolutionnaire commun et des rapports «sans nuages» depuis l'indépendance du pays. La Tunisie a été, rappelons-le, le seul pays au monde à n'avoir pas imposé le visa d'entrée sur son territoire lors de la décennie 90. Un geste d'une portée historique qui vient confirmer la détermination de ce pays à construire une coopération stratégique avec l'Algérie. Aussi, le retour à la stabilité de l'Algérie constitue-t-il un élément majeur dans le parachèvement d'un processus de rapprochement qui n'a jamais connu d'interruption. Un rapprochement plus que politique, puisqu'il concerne les deux sociétés grâce à un «échange humain» de plus en plus important. Outre une présence remarquée dans nombre de régions de ce pays de «binationaux», la première destination estivale des Algériens demeure la Tunisie qui a su faire de son tourisme une industrie florissante. Les Tunisiens sont également de plus en plus présents en Algérie et beaucoup attendent «avec impatience» le développement des infrastructures touristiques en Algérie pour visiter le pays. Ce brassage humain constitue l'un des facteurs, de loin, le plus encourageant pour aboutir à un véritable partenariat multiforme entre l'Algérie et la Tunisie. Au plan commercial, la lutte des deux côtés de la frontière contre le commerce illégal démontre une volonté commune d'aller vers des relations saines et mutuellement profitables. La réunion, hier, à Tunis, au niveau des experts en témoigne. Les travaux du comité mixte algéro-tunisien de suivi des échanges commerciaux ont pour principal objectif l'élaboration d'une liste de produits éligibles aux échanges bilatéraux. Cette réunion prépare la rencontre coprésidées par les ministres du Commerce algérien et tunisien, en l'occurrence M.El Hachemi Djaâboub et Mondher El-Zenaidi. Cette absence de «nuages» dans l'histoire des relations entre les deux pays constitue un élément fort de la stratégie maghrébine de l'Algérie et de la Tunisie. Les deux nations défendent le principe de l'édification de l'Union du Maghreb arabe et donnent par l'excellence de leur relations un exemple à suivre. L´UMA, actuellement en panne depuis plus de dix ans, peine à réunir ses chefs d'Etat. Les ministres des Affaires étrangères de cet ensemble maghrébin ont rendez-vous dans le courant de ce mois de mai à Tripoli, avec pour mission de relancer l´action maghrébine. Annoncée par Abdelaziz Belkhadem, cette réunion attendue, tant par la Tunisie que par l'Algérie, devrait déboucher, apprend-on, sur un Sommet de l'UMA, d'autant que la récente résolution de l'ONU sur le Sahara occidental a reçu l'aval du Maroc et de l'Algérie.