C'est une affaire scabreuse que celle traitée par la justice dans la wilaya de Tébessa. Sur fond de tensions au sein de la corporation des robes noires, la chambre d'accusation près la cour de Tébessa a rendu publique une décision d'incarcération de quatre individus accusés d'appartenance au mouvement terroriste Rachad. Les personnes arrêtées à la suite d'une vaste opération d'investigations menée par les services de la Gendarmerie nationale, sur la base de «rapports sécuritaires accablants», sont accusées «d'adhésion, soutien et financement du mouvement Rachad de diverses manières en plus d'accorder des interviews et de faire des interventions dans des médias étrangers, considérées comme étant une couverture médiatique au profit de cette organisation». C'est le procureur général adjoint près la cour de justice de Tébessa, Seïf Eddine Aoun, qui a, au cours d'une conférence de presse animée jeudi écoulé, dévoilé les tenants et les aboutissants de cette affaire. Par ailleurs, les mis en cause, en l'occurrence Aziz Bekariya, Abderaouf Arslan, Redouane Hamidi et Azzedine Mansouri qui étaient «en relation avec le mouvement terroriste Rachad», sont également accusés de «diffusion de fausses informations et de l'utilisation des réseaux sociaux à cet effet». Afin de faire taire la protesta qui enfle depuis quelques jours déjà au sein de la corporation des avocats, à cause de l'incarcération de leur collègue dans le cadre de cette affaire, dont des actions de protestation à travers plusieurs villes du pays, et des menaces de boycott des séances de défense, le représentant de la cour de Tébessa a expliqué que ces personnes sont poursuivies en tant que «citoyens, indépendamment de leurs statut social». Le cas de Abderaouf Arslan qui est avocat, semble encore focaliser la solidarité de ses confrères à l'échelle locale et nationale, malgré les clarifications de la justice. Et de préciser, en outre, que les accusés «ont bénéficié de toutes les garanties juridiques stipulées par la Constitution algérienne tout au long de l'enquête et du procès jusqu'à la décision de leur incarcération pour «adhésion et participation à une organisation terroriste» et «diffusion et propagation d'informations malveillantes susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique et à l'ordre public». faut-il le souligner, avec le récent classement de Rachad comme organisation terroriste, «menaçant l'ordre public et la stabilité de l'Etat, et entretenant également des relations douteuses avec des parties étrangères». Aussi, le risque de voir d'autres personnages publics notoires défiler devant la justice est, on ne peut plus, clair. Cela est d'autant plus inquiétant, que nombre de syndicalistes, militants politiques, enseignants, journalistes, avocats et citoyens de tous bords continuent de répondre aux sollicitations de la chaîne de télévision de Rachad considérée, à juste titre, comme un organe de propagande et de financement de la nébuleuse terroriste. Mais la loi est la loi. Elle est au-dessus de tous. Son respect scrupuleux est une gageure pour ceux qui persistent à s'aventurer dans ces eaux troubles.