La prolongation, hier, de la détention provisoire de Me Abderraouf Arslane, par le parquet de Tébessa a provoqué colère et indignation chez les proches et les nombreux confrères de l'avocat venus de différentes régions du pays pour l'assister. Relevant la gravité des accusations de lien avec une organisation terroriste et d'atteinte à l'unité nationale, non encore signifiées officiellement par le procureur, les membres du collectif de soutien à Me Arslane ont été unanimes à dénoncer la "vacuité" du dossier et pour exprimer leurs suspicions concernant les liens du pouvoir dans cette affaire. Me Rabia, avocat agréé auprès de la Cour suprême a réitéré son soutien total et inconditionnel à son confrère, soulignant l'inexistence d'indices graves ou concordants de la participation du requérant aux infractions qui lui sont reprochées. "Il n'existe aucune preuve quant à l'implication de Me Abderraouf Arslane avec les activités du mouvement Rachad et nous mettons la chambre d'accusation face à ses responsabilités. Le seul tort qu'on peut reprocher à notre confrère concerne son engagement aux côtés des activistes du Hirak, qu'il a assistés du mieux qu'il pouvait". Renchérissant, Me Thameurt Abdelhafid du barreau d'Alger a été catégorique en affirmant que l'inculpation de l'avocat de Tébessa est fondée sur des "on-dit". "Le dossier ne contient aucun élément matériel susceptible de conforter les accusations graves qui sont dirigées contre cet avocat. On n'a même pas tenu compte de l'honorabilité de sa propre famille qui compte plusieurs magistrats respectés en son sein. Par ailleurs c'est tout le corps de la magistrature qui est visé puisque nous assistons, depuis quelques jours à une véritable chasse aux sorcières, ici à Tébessa, à Constantine et à Mila, où les avocats qui ont participé aux marches du mouvement populaire pacifique ont été repérés, filmés et fichés. L'on est allé jusqu'à faire un lien entre les militants du Hirak convoqués par la justice et les avocats ayant choisi de les défendre. Il s'agit là ni plus ni moins que d'un message de dissuasion qui est adressé à la corporation. Nous en avons marre de ces comportements qui n'ont rien à voir avec l'Algérie nouvelle à laquelle nous aspirons tous", a lâché, Me Thameurt. Le représentant du barreau de Béjaïa n'en est pas moins virulent à l'encontre du parquet de Tébessa, lorsqu'il évoque les lourdes charges qui seraient retenues contre son confrère. "L'accusation d'appartenance à une organisation criminelle est très grave puisqu'elle relève des assises. Nous nous solidarisons de manière solennelle avec Me Arslane et nous nous engageons à rester, ici, à Tébessa jusqu'à ce qu'il retourne auprès des siens", a assuré Me Kioua Houcine en affirmant à son tour que le dossier dans lequel cet avocat est inquiété est "quasiment vide". Il soutiendra pour conclure que Me Abderraouf Arslane est poursuivi pour son intervention en public, lors du rassemblement qui a eu lieu le 8 mai dernier à Kherrata, et rien d'autre. Sur une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, les avocats de Tébessa ont décidé de boycotter les travaux dans les juridictions en appelant leurs confrères à une action nationale.