La légalité internationale, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la solution politique pour résoudre les conflits, la promotion de la paix à travers le monde et le bon voisinage sont des fondamentaux de la diplomatie internationale algérienne: un précarré du président de la République qui en a fait la démonstration. Ses éclairages à ce propos, ses réponses aux questions des deux journalistes Kamel Daoud et Adlène Meddid, montrent que l'Algérie reste fidèle à ses principes. Sa position reste plus que jamais immuable concernant ses relations avec le Maroc, le conflit du Sahara occidental, la crise malienne, la question palestinienne ou l'état de ses relations avec la Turquie. Ouverture des frontières avec le Maroc Le sujet était inévitable. Le Royaume chérifien, qui réclamait l'ouverture des frontières à cor et à cri, est édifié à ce propos. L'Algérie lui restera fermée. Pourquoi? «On ne peut pas ouvrir les frontières avec un vis-à-vis qui vous agresse quotidiennement.» souligne Abdelmadjid Tebboune. Dans cette relation, le rôle honorable revient à l'Algérie. La rupture avec le Maroc - et je parle de la monarchie, pas du peuple marocain, que nous estimons - remonte à tellement longtemps qu'elle s'est banalisée. Le Maroc a toujours été l'agresseur. Nous n'agresserons jamais notre voisin, précise le chef de l'Etat. Puis le ton monte d'un cran. «Nous riposterons si nous sommes attaqués. Mais je doute que le Maroc s'y essaie, les rapports de force étant ce qu'ils sont.» précise Abdelmadjid Tebboune. Sahara occidental Concernant le conflit sahraoui, l'Algérie, qui a sans cesse appelé à l'application des décisions du Conseil de sécurité de l'ONU qui garantissent au peuple sahraoui le droit à disposer de lui-même à travers l'organisation d'un referendum d'autodétermination s'est repositionnée eu égard aux développements qui ont contraint le Front Polisario à reprendre la lutte armée. «Il y a 8 mois, j'avais exprimé ma crainte à des ambassadeurs que le Front Polisario reprenne les armes et qu'un accrochage sérieux puisse faire basculer la situation», a révélé le locataire d'El Mouradia, qui a conseillé à Rabat d'opter pour le respect du droit international. «Le Maroc devrait revenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international. Entre l'Algérie et le Maroc, le Sahara occidental a toujours été une pomme de discorde, mais pas un casus belli. Le Maroc devrait opter pour la raison: son ennemi, comme pour l'Algérie, c'est le sous-développement. L'Algérie est en train de se construire avec ou sans le Maroc.» a-t-il noté soulignant au sujet de la reconnaissance de la «marocanité» du Sahara occidental par l'ex-président américain, Donald Trump, que «cette reconnaissance ne veut rien dire. Toutes les résolutions du Conseil de sécurité concernant le Sahara occidental sont présentées par les Etats-Unis. On ne peut pas revenir, verbalement, sur tout ce qui a été fait par Washington pour faire plaisir à un roi.» Offensive turque au Maghreb «Cela ne nous dérange pas.» rétorquera le président de la République qui précisera que le litige entre la Turquie et certains pays arabes est principalement lié au dossier des Frères musulmans. «L'Algérie a d'excellents rapports avec les Turcs, qui ont investi près de 5 milliards de dollars en Algérie sans aucune exigence politique en contrepartie. Maintenant, ceux que cette relation dérange n'ont qu'à venir investir chez nous!» fera observer Abdelmadjid Tebboune Crise malienne Concernant le Mali qui vient de connaître un nouveau coup d'Etat militaire qui a entrainé sa suspension de l'UA (Union africaine) et de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), il y a un réel danger d'instabilité politique qui peut réveiller des desseins de partition. Quelle est la position de l'Algérie qui oeuvre à la paix à travers les accords d'Alger? «L'Algérie ne laissera jamais le nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes, ni ne permettra une partition du pays. Pour régler le problème au nord du Mali, il faut y redéployer l'Etat. Via les accords d'Alger, nous sommes là pour aider Bamako, ce que nous faisons déjà avec la formation des militaires maliens», soulignera le président de la république qui indiquera que «dans ce territoire, certains s'opposent (le Maroc, Ndlr) aux avancées de l'Algérie, essentiellement sur le dossier malien. Pour nous, il existe une volonté de saboter les accords d'Alger (accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015).» «Je crois aussi que le G5 ou Barkhane sont des solutions partielles», affirmera-t-il. Palestine Pour ce qui est de la question palestinienne et de la normalisation des relations entre certains pays arabes et Israël, le chef de l'Etat dira: «Chaque pays est libre de normaliser ses relations avec Israël, mais l'Algérie ne le fera pas tant qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien.».