Ça commence à flamber! La courbe des contaminations à la Covid-19 est en train de connaître une courbe ascendante. Après avoir dépassé, la semaine dernière, la barre des 300 cas /jours, on se rapproche dangereusement de celle des 400 contaminations journalières. Au niveau des établissements hospitaliers, la sonnette d'alarme a été tirée. Les services Covid-19 commencent peu à peu à se remplir. «Nous ne sommes pas encore en surcharge, mais au rythme où vont les choses cela ne devrait pas tarder à arriver», avoue un médecin spécialiste au niveau de l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger. Chose que confirment de nombreux patriciens de la santé au niveau des structures publiques du pays, particulièrement celles du centre. «Les directeurs d'hôpitaux ainsi que les chefs de service ont mis en place des plans pour parer à cette possibilité», soutient un autre médecin dans un autre hôpital de la capitale. «Il s'agit surtout d'identifier les services qui vont être reconvertis en premier pour la prise en charge des patients atteints par ce virus dans le cas d'une saturation de ceux qui lui sont déjà dédiés», explique-t-il. Ce même médecin admet, au passage, que beaucoup de ces chefs de service étaient réticents à cette idée. Quoi qu'il en soit, tous se préparent au pire! Car, la situation est de plus en plus inquiétante. Si, jusqu'ici, les formes bénignes du coronavirus étaient les plus répandues, les spécialistes ont signalé que les formes graves reviennent en force. «Ce qui entraîne de plus en plus d'hospitalisations et d'admissions en réanimation», constate le docteur Aïche-Kadra Kidali, maître-assistant en anesthésie et réanimation au CHU de Blida. «C'est flagrant. Les chiffres officiels donnés par le Comité scientifique sont confirmés de jour en jour, avec les lits de réanimation qui se remplissent de plus en plus», ajoute-t-il dépité. Une inquiétude que le Docteur Aïche-Kadra justifie par le fait que les patients atteints de formes graves de la Covid -19 sont de plus en plus jeunes. «Contrairement aux mois précédents, on constate une diminution des âges des malades du coronavirus qui nécessitent une prise en charge de soins en réanimation», fait-il savoir. «On a vu beaucoup de trentenaires, mais aussi des jeunes de 18 à 20 ans. D'ailleurs, on a malheureusement perdu la semaine dernière un patient de 19 ans», a-t-il soutenu. Comment s'explique cette nouvelle donne? Ce spécialiste en réanimation estime que pour le moment il est trop tôt pour se prononcer. «Les équipes en charge des enquêtes épidémiologiques sont les seules à pouvoir donner une explication scientifique à cette nouvelle tendance», assure-t-il. Toutefois, certains experts n'hésitent pas à pointer du doigt les nouveaux variants. Pour eux, ces «mutants» amènent de plus en plus de «jeunes» patients aux soins intensifs. Ils se basent sur les expériences vécues par les pays touchés de plein fouet par les mutations de la Covid-19, particulièrement avec les variants britanniques et indiens. Les études effectuées au niveau des pays occidentaux, ont montré que «des jeunes, entre 20 et 40 ans, sans aucun antécédent, arrivent dans un état critique, sans aucun facteur de risque, la plupart infectés par un variant». Est-ce la même chose chez nous? En tout cas, beaucoup craignent qu'il s'agisse des prémices de la troisième vague. Surtout que cette recrudescence de la pandémie semble toucher beaucoup de régions du pays. Si «l'alerte» du mois d'avril était «circonscrite» au centre, cette fois la reprise de l'épidémie semble s'être propagée à travers les quatre coins du pays. Contactés par nos soins, des médecins de l'Est, de l'Ouest et même du Sud confirment qu'ils reçoivent de plus en plus de cas du coronavirus. «Cela alors qu'il n'avaient presque plus d'hospitalisations pour le Covid-19», certifient-ils. À titre d'exemple, le docteur Omar Haouchine, affecté à l'hôpital d'Aïn Defla dans le cadre du service civil, atteste que les hospitalisations ont doublé en l'espace d'une semaine. «On était à quatre malades Covid-19, samedi dernier, nous sommes à huit aujourd'hui (hier, samedi, Ndlr)», confirme-t-il mettant en avant le fait que ce service avait une moyenne de trois hospitalisations depuis plusieurs mois. Ce médecin spécialiste en gastro-entérologie qui travaille dans le service «Corona» ne cache pas son inquiétude de voir la situation épidémiologique dégénérer. «On ne sait pas comment réagit ce virus, mais les données actuelles ne laissent présager rien de bon», estime-t-il. Est-ce trop tard pour éviter la troisième vague? «Non, on peut encore échapper à la catastrophe à condition de retrouver nos bonnes vieilles habitudes qui sont le respect des mesures d'hygiène et de distanciation sociale. Les autorités doivent, elles, resserrer les vis tout en intensifiant la vaccination», conclut-il. Donc à vos masques...