Voulue comme une importante opportunité pour la communauté internationale d'évaluer la situation en Libye et d'aider le gouvernement Dbeibah à préparer le scrutin du 24 décembre prochain, la Conférence de Berlin II, tenue en vidéoconférence le 23 juin prochain, sous l'égide des Nations unies, sera dominée par l'enjeu du retrait des forces étrangères et des mercenaires ainsi que par l'état d'avancement dans l'organisation des élections. Y participeront, aux côtés du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de son envoyé spécial en Libye, Jan Kubis, et des dirigeants libyens eux-mêmes, les représentants des Etats-Unis, de la Russie, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Chine, de l'Allemagne, de la Turquie, de l'Italie, de l'Algérie, de l'Egypte, des Emirats, du Congo ainsi que des Unions «européenne» et «africaine»et de la Ligue des Etats arabes. Ce sont ces mêmes participants qui étaient de la partie lors de la tenue de la première Conférence de Berlin, en janvier dernier. Le dossier libyen va figurer, demain, dans les discussions entre les présidents russe et américain, au sommet de Genève, preuve que les pressions et les tensions sont loin d'être évacuées alors même que le retrait des mercenaires et des forces étrangères, sans cesse réclamé par l'ONU, demeure encore incertain. C'est ainsi que la Turquie dont l'intervention militaire a permis, en 2020, au GNA sortant de mettre en déroute les forces du maréchal Haftar lancées à la conquête de Tripoli, depuis le 4 avril 2019, fait valoir les accords conclus avec les autorités légales de l'époque, reconnues par la communauté internationale, pour maintenir sa présence. Pour la troisième fois en moins de trois mois, une importante délégation turque comprenant le MAE Mevlüt Cavusoglu, le ministre de la Défense, le général Hulusi Akar, et le chef des Renseignements était à Tripoli pour réaffirmer la position d'Ankara. Akar s'en est pris, d'ailleurs, à Haftar dont il a mis en relief la responsabilité dans les charniers découverts à Tarhouna, notamment appelant les Libyens à «ne pas oublier le rôle du maréchal» dans les combats fratricides qui ont duré plusieurs années. Louant les relations d'amitié et de coopération mutuellement bénéfiques entre la Libye et la Turquie, il a réaffirmé l'engagement de la Turquie à «oeuvrer à l'unité et à la sécurité de la Libye». Toujours est-il que les dirigeants libyens sont unanimes aujourd'hui pour réclamer le retrait de toutes les forces étrangères, sans exception, afin de sceller la réconciliation nationale et le retour à la souveraineté auxquelles aspire le peuple libyen dans ses diverses composantes. Le leitmotiv de la Conférence de Berlin II portera fatalement sur cette exigence qui conditionne, au plus haut point, la réussite d'une sortie de crise que l'ONU, appuyée par l'Algérie et la Tunisie en leur qualité de pays voisins directement concernés par les enjeux sécuritaires et géostratégiques, assure avec opiniâtreté et détermination. Les résultats spectaculaires enregistrés en 2020, notamment le cessez-le-feu, le Forum de dialogue politique interlibyen d'où est issu le nouveau gouvernement national ainsi que la préparation intensive des élections de décembre en sont une illustration pertinente, à condition que puissent se concrétiser la réunification des institutions et l'adoption de la nouvelle Constitution.