A peine arrivé, le nouveau gouvernement israélien passait hier un premier test: une marche de militants juifs d'extrême droite dans le secteur déjà sous tension d'El Qods-Est, avec la menace d'une autre escalade avec le Hamas, au pouvoir à Ghaza. Avant même le début de cette marche, prévue à partir de 17h30 (14h30 GMT), l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, a appelé «toutes les parties à agir de manière responsable et éviter les provocations qui pourraient mener à un nouveau round deconfrontation». L'ambassade américaine a demandé à ses employés de ne pas se rendre dans la Vieille ville de Jérusalem en raison de la «marche des drapeaux», organisées par des mouvements nationalistes et d'extrême droite israéliens, et de «possibles contre-manifestations». Selon le droit international, Israël occupe illégalement cette partie orientale de la ville. La marche devait initialement se tenir le 10 mai dans un climat de tension avec des manifestations dans le quartier de Cheikh Jarrah, où des familles palestiniennes sont menacées d'éviction au profit de colons juifs, et de heurts entre Palestiniens et policiers israéliens à l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, à El Qods-Est. Mais elle avait été annulée alors que le mouvement Hamas, au pouvoir dans la bande de Ghaza, avait lancé ce jour-là des roquettes vers le territoire israélien en solidarité avec les Palestiniens d'El Qods-Est. Ces tirs, et la réplique démesurée de l'armée israélienne, ont donné lieu à une guerre de 11 jours entre le Hamas et Israël fatale à 260 Palestiniens dans la bande de Ghaza, dont des enfants, des adolescents et des combattants, et à 13 morts en Israël, incluant un enfant, une adolescente et un soldat. Après la guerre, et à l'heure où l'Egypte et l'ONU multiplient les tractations en coulisses pour tenter de consolider un cessez-le-feu fragile, les organisateurs de la marche l'ont remise au calendrier pour jeudi dernier, ce qui a aussitôt été compris comme une provocation par le Hamas. Le mouvement islamiste a mis en garde Israël contre des représailles si la marche s'approchait du quartier musulman de la Vieille ville, et notamment de l'esplanade des Mosquées. Craignant des dérapages, le gouvernement de Benjamin Netanyahu avait botté en touche et repoussé la marche à ce mardi. Mais entre-temps, le Parlement israélien a mis fin à 12 ans de règne de Benjamin Netanyahu en accordant plutôt sa confiance à une coalition de huit partis - deux de gauche, deux de centre, trois de droite et un arabe - menée par le nouveau Premier ministre Naftali Bennett (droite radicale) et son associé le centriste Yaïr Lapid. Un gouvernement aussitôt «salué» par Washington, l'Union européenne et le président russe Vladimir Poutine. Lundi soir, le nouveau ministre de la Sécurité intérieure, Omer Bar-Lev, a décidé de maintenir la manifestation malgré les appels à l'annuler de députés arabes israéliens et de leaders palestiniens. Le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, a mis en garde contre les «dangereuses répercussions» que pourrait avoir cette marche, qualifiée de «provocation et d'agression» envers les Palestiniens. Shtayyeh a appelé lundi le nouveau gouvernement israélien à mettre fin à l'occupation et à reconnaître les droits légitimes du peuple palestinien. «Ce que nous attendons du nouveau gouvernement israélien, c'est qu'il commence à prendre des mesures pour mettre fin à l'occupation et aux colonies en Palestine», a indiqué M. Shtayyeh lors de la réunion hebdomadaire du cabinet palestinien à Ramallah, en Cisjordanie. Dans un communiqué de presse officiel, M. Shtayyeh a déclaré que le nouveau gouvernement israélien devait reconnaître les droits légitimes du peuple palestinien.»Ce gouvernement n'aura pas d'avenir s'il ne reconnaît pas l'avenir des Palestiniens», a-t-il souligné. Le Premier ministre palestinien a également averti qu'il y aurait des «conséquences graves pour les autorités d'occupation israéliennes si elles permettaient aux extrémistes de droite de participer à la marche du drapeau hier à El Qods». «L'organisation de cette marche du drapeau à El Qods-Est est une provocation envers le peuple palestinien, et constitue une agression contre la ville et contre nos lieux saints», a-t-il affirmé, ajoutant que la communauté internationale devait «intervenir pour l'arrêter».