La Libye est engagée, depuis la signature d'un cessez-le-feu entre pouvoirs rivaux, dans un processus politique parrainé par l'ONU ayant permis l'installation d'un gouvernement chargé de mener la transition jusqu'à des élections en décembre. Berlin va accueillir mercredi une nouvelle conférence sur la paix en Libye, la deuxième après celle de janvier 2020. Le 23 octobre 2020, les parties rivales signent un accord de cessez-le-feu permanent avec «effet immédiat», après cinq jours de discussions organisées à Genève par l'ONU, qui salue un «tournant» pour la paix. Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Maamar El Gueddhafi, la Libye était déchirée depuis 2015 entre deux pouvoirs: le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli (ouest), et les autorités alliées de Khalifa Haftar, dans l'Est. D'avril 2019 à juin 2020, le maréchal Haftar, qui a lancé ses combattants à la conquête de Tripoli, n'a pas réussi à s'emparer de la capitale, en dépit de l'appui de la Russie, de l'Egypte et des Emirats arabes unis. Le GNA de Fayez al-Serraj est lui soutenu par la Turquie. Le 26 octobre, la Compagnie nationale de pétrole annonce la levée de l'état de force majeure sur le dernier champ pétrolier bloqué, déclarant ainsi toutes les installations pétrolières opérationnelles. Les pro-Haftar avaient bloqué début 2020 la production et les exportations de pétrole sur les champs et terminaux les plus importants du pays, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique, pour réclamer une répartition plus équitable des revenus pétroliers gérés par le GNA. Le 13 novembre, l'ONU annonce que des délégués libyens réunis en Tunisie sont parvenus à un accord prévoyant «des élections nationales» le 24 décembre 2021.Le 20 janvier 2021, les participants au dialogue politique, réunis en Egypte, conviennent de l'organisation d'un référendum sur la Constitution avant les élections. Le 5 février, 75 délégués libyens réunis sous les auspices de l'ONU en Suisse désignent l'ingénieur et homme d'affaires Abdelhamid Dbeibah comme Premier ministre de transition jusqu'au scrutin de décembre, au côté d'un Conseil présidentiel de trois membres. Le maréchal Haftar promet le soutien de ses forces au processus de paix. Le 9 mars, les liaisons aériennes entre Benghazi (est) et Misrata (ouest), contrôlées par des autorités rivales, reprennent après sept ans d'interruption. Le gouvernement de transition obtient le lendemain la confiance du Parlement. Le 15, Abdelhamid Dbeibah prête serment. Son équipe remplace aussi bien le GNA de Serraj que le cabinet parallèle d'Abdallah al-Theni, basé en Cyrénaïque, dans l'est. Le 17, le président tunisien Kaïs Saïed effectue une visite inédite en Libye depuis près d'une décennie pour soutenir la transition et renforcer la coopération. Il est suivi une semaine plus tard par les chefs de la diplomatie française, allemande et italienne. Le 29, la France rouvre son ambassade à Tripoli, qu'elle avait quittée en 2014 pour des raisons de sécurité, suivie par Malte, la Grèce, l'Espagne et l'Egypte. Une intense activité diplomatique va se poursuivre, avec le déplacement de responsables notamment d'Italie, de Grèce, d'Espagne ou d'Egypte pour soutenir le processus politique. Le Premier ministre libyen se rend dans plusieurs capitales, dont Moscou, Alger et Paris. Dans la nuit du 7 au 8 mai, des dizaines d'hommes armés font irruption dans un hôtel de Tripoli servant de QG au Conseil présidentiel pour protester contre l'appel de la ministre des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, au retrait des troupes turques. Le 18, le secrétaire d'Etat adjoint pour le Moyen-Orient, à Tripoli pour soutenir la transition, affirme que «les Etats-Unis s'opposent à toute escalade militaire et à toute intervention militaire étrangère». Le 21, l'émissaire de l'ONU Jan Kubis déplore des progrès «au point mort» pour la réouverture de la route côtière entre Syrte (nord) et Misrata et le retrait des forces étrangères. L'ambassadrice américaine à l'ONU regrette l'absence d'avancées politiques. Selon l'ONU, plus de 20.000 mercenaires et militaires étrangers sont toujours en Libye. Parmi eux figurent des militaires turcs, des mercenaires russes, soudanais et tchadiens. Le 3 juin, les liaisons aériennes entre Tripoli et Tobrouk (est) reprennent après une «longue interruption». Le 20, la route côtière entre Misrata et Syrte est rouverte.