Didier Deschamps y croit dur comme fer. Toujours. Le 18 mai dernier, lorsqu'il annonçait sa liste des 26, il n'y allait déjà pas par quatre chemins. Si Karim Benzema était de retour,5 ans et demi après sa 81e et dernière sélection, ce n'était pas pour le cantonner à un rôle de doublure. Cinq semaines plus tard, DD n'a pas changé de credo. Après tout, il n'aurait aucune raison de le faire. Après le premier tour, Benzema est le meilleur buteur de l'équipe de France durant cet Euro, avec 2 réalisations - les deux contre le Portugal (2-2)-. Avant ce dernier match de poules et une prestation compliquée face à la Hongrie (1-1), le patron des Bleus avait eu ces mots forts: «L'important, c'est qu'il garde confiance et qu'il garde ma confiance.» Deschamps n'a pas menti. Et Benzema s'est débloqué dans les grandes largeurs. Avec Antoine Griezmann, il est l'autre membre du trio d'attaque à avoir inscrit un but depuis le début de l'Euro. Seul Mbappé est resté muet lors des trois matchs du premier tour. C'est un petit paradoxe alors que le Parisien, sur le côté gauche, est le plus dangereux des trois, ballon au pied. Ses provocations ne sont pas constamment récompensées et le déchet, inhérent à son jeu, est parfois important mais il fait planer une menace. Si le bilan comptable (3 buts sur les 4 tricolores) est honorable, l'impression laissée sur le pré reste très mitigée. Parce que le trio la joue solo. Pas de manière consciente ou pour des raisons d'entente personnelle mais il se trouve que les trois larrons ne jouent pas la même partition, ou tout au moins, ne sont pas sur le même tempo. La Suisse arrive, il est temps d'accorder les violons. La préparation et cette première contre le Pays de Galles avait été pavée des meilleures intentions. Malgré le penalty raté de Benzema, le trio avait montré des choses intéressantes et prometteuses. La blessure de Benzema (béquille) face aux Bulgares a stoppé les pointes tricolores dans leur élan et leur construction. L'Allemagne, match le plus maîtrisé des Bleus au premier tour, n'a rien arrangé. Parce que ce jour-là, le trio a performé, mais dans une configuration différente de celle de la préparation. Le 4-3-3 fut une machine à fermer les espaces et lorsqu'il a fallu les ouvrir quatre jours plus tard dans la fournaise de Budapest, ce fut un échec patent. Cantonné au couloir droit, Griezmann n'a pas existé dans le jeu, avant d'être recentré. Il y a bien eu cette combinaison trois étoiles en première période, avec Grizou en rampe de lancement, Mbappé en remiseur et Benzema en finisseur. Mais l'action qui méritait un épilogue heureux n'est pas allée au bout. Le match face au Portugal, avec un retour au 4-2-3-1, n'a pas porté ses fruits. Griezmann derrière Benzema a été un non-facteur et l'attaquant du FC Barcelone s'est surtout distingué par son travail défensif et un tacle des plus appuyés en première période. Benzema a marqué, il a tenté de combiner entre Mbappé avec une réussite relative. Les deux joueurs forment d'ailleurs à cette heure le circuit préférentiel de l'attaque tricolore.