Depuis le mois de Ramadhan dernier, la situation épidémiologique connaît une nette dégradation par rapport aux mois précédents. Autorités sanitaires et spécialistes ont tiré la sonnette d'alarme pour mettre en garde contre une troisième vague de Covid-19. Chose qui a été évitée jusqu'ici. Le nombre journalier des contaminations demeure élevé, mais stable. On tourne autour d'une moyenne de 350 cas/jour. «La situation épidémiologique est inquiétante, mais pas alarmante. Elle peut empirer ou se stabiliser», estime le professeur Tebaïbia, chef de service de médecine interne à l'Etablissement hospitalier d'El Biar (Alger). Le même constat est fait par la majorité de ses confrères. Ils estiment que les choses ne tiennent qu'à un fil. «Le virus est imprévisible, la situation peut dégénérer du jour au lendemain», soutient le docteur Omar Haouchine, médecin spécialiste à l'hôpital d'Aïn Defla. «Ce n'est pas le nombre actuel des contaminations qui nous inquiète, mais le fait que les citoyens continuent à ne pas respecter les gestes barrières, tout en restant sceptiques quant à la vaccination», explique ce médecin affecté au service Covid-19. Il fait remarquer que de semaine en semaine, le nombre de personnes hospitalisées augmente. «Selon les témoignages de confrères exerçant à travers plusieurs autres hôpitaux du pays, les services dédiés à cette pandémie ne sont pas débordés mais presque. Ils ne désemplissent pas», rapporte-t-il. Attention, il semble que l'on marche sur des oeufs! Le Comité scientifique de suivi et d'évolution de la pandémie semble plus serein. Ces derniers jours certains de ses membres ont fait le tour des médias pour plaider l'allégement de certaines restrictions en vigueur. Il s'agit, notamment de la réouverture «officielle» des salles des fêtes, puisque nombre d'entre elles travaillent au noir. Le Comité scientifique a proposé un protocole sanitaire pour leur permettre de reprendre leurs activités avec le minimum de risque. «Plusieurs fêtes de mariages ou autres sont d'ailleurs organisées dans des villas et endroits qui ne sont pas équipés et ne répondent pas aux normes nécessaires pour assurer la prévention d'où justement la possibilité de réouverture des salles des fêtes avec un protocole sanitaire spécial», a justifié le docteur Lyès Akhamouk, membre de ce Comité scientifique. Bien évidemment, la décision finale revient au président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Tout comme ce qui concerne l'autre proposition faite par ce même Comité, à savoir la suppression du confinement obligatoire aux frontières du pays. «Le confinement obligatoire de cinq jours, imposé aux passagers entrant en Algérie, n'était plus nécessaire», a déclaré aux médias le docteur Akhamouk. Il justifie le fait que seuls six passagers sur 10.000 ont été testés positifs depuis le 1er juin dernier, date de réouverture partielle des frontières. Le Comité, dont il est membre, a proposé de ne maintenir le confinement que pour les voyageurs de pays à risque où il y a une forte circulation des nouveaux variants. Le dernier mot revient également au chef de l'Etat. Cependant, si la réouverture des salles des fêtes fait l'unanimité auprès de la société scientifique, ce n'est pas le cas de la suppression du confinement. Des médecins sont montés au créneau pour réclamer le maintien de ce qu'ils appellent «le filet de protection de l'Algérie contre les nouveaux variants». Il faut avouer que cette mesure, certes, contraignante pour les voyageurs, a permis d'éviter l'importation de nouveaux variants. On se souvient du début de l'année, où les quelques vols de rapatriement effectués sans confinement obligatoire, avaient permis aux différents «mutants» de ce virus de faire leur entrée dans le pays. Quand on voit les ravages qu'est en train de faire le variant Delta (indien) dans le monde, il y a de quoi s'inquiéter. La ville de Sydney, en Australie, est la dernière victime en date. Après avoir retrouvé une vie presque normale, ses habitants ont été complètement reconfinés pour au moins deux semaines. De même au Bangladesh où les autorités ont annoncé un strict confinement à partir de lundi dernier, après une augmentation «dangereuse et alarmante» des cas de contamination au variant Delta. Spécialistes et autorités sanitaires, à travers le monde, alertent sur le fait que ce variant pourrait provoquer une reprise de la pandémie dès cet été si rien n'est fait pour le contrer précocement. Que va donc faire l'Algérie face à cette nouvelle menace? Wait and see...