Depuis quelques semaines, le nombre de contaminations au Covid-19 dans notre pays ne fait qu'augmenter. Une situation qui inquiète la communauté scientifique. Plusieurs voix s'élèvent pour alerter sur le risque d'une troisième vague. Selon elles, toutes les conditions sont réunies pour déclencher un nouveau pic. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – La crise sanitaire est loin d'être terminée. Pourtant, le relâchement dans l'adoption des gestes barrières (port de masques et respect de la distanciation physique) est plus que flagrant. Ni la population ni les autorités censées faire respecter le protocole sanitaire ne prennent apparemment conscience de la gravité de la situation. A ce rythme, les experts craignent l'arrivée d'une troisième vague de Covid-19 et tirent la sonnette d'alarme. Spécialiste en maladies infectieuses et membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus, le Dr Lyes Akhamouk n'exclut pas l'arrivée d'une nouvelle vague de Covid-19. «Toutes les conditions sont réunies pour avoir une troisième vague», affirme-t-il. Il cite, en premier lieu, le non-respect des mesures de prévention constaté depuis plusieurs semaines, mais invoque également l'introduction en Algérie de nouveaux variants, britannique et indien, qui sont, précise-t-il, «40 à 60 % plus transmissibles». D'ailleurs, ajoute-t-il, «nombre d'experts parlent de deuxième pandémie du virus Sars-CoV-2. Les nouveaux variants ont un comportement différent, et touchent de façon plus importante et très fréquente des personnes jeunes de moins de 40 ans. Aujourd'hui, des sujets jeunes et sans comorbidités sont admis en réanimation et même des adolescents sont atteints, d'où la décision des états-Unis qui a commencé à vacciner la tranche entre 12 et 17 ans». Selon le chef de service des maladies infectieuses à l'EPH de Tamanrasset, la situation est assez préoccupante, surtout dans les grandes villes, notamment à Alger, Sétif, Oran et Constantine où l'augmentation du nombre de contaminations est continue. «Au lieu d'avoir un pic rapide du nombre de cas de Covid-19 que nous craignons, nous enregistrons une hausse progressive des contaminations qui est en perpétuelle augmentation», note-t-il. Fort heureusement, poursuit-il, «nos frontières sont restées fermées depuis le début de la pandémie, et leur récente ouverture a été soumise à un protocole très rigoureux qui a limité la propagation du virus». 90% des clusters sont familiaux L'expert fait remarquer que notre pays se caractérise par des clusters familiaux. «Nous n'avons pas des clusters professionnels, mais des clusters familiaux. 90% des clusters enregistrés chez nous sont des membres de la même famille, surtout à l'occasion des fêtes religieuses où s'intensifient les visites familiales, les regroupements familiaux, et les déplacements entre wilayas qui favorisent la propagation du virus», explique-t-il. Il évoque également l'organisation des fêtes de mariage, un autre grand facteur de diffusion du Sars-CoV-2. «Nous avons constaté que les cérémonies de mariage et autres n'ont pas cessé malgré la fermeture des salles des fêtes. Pis encore, elles se tenaient dans des villas de manière clandestine sans le respect des mesures barrières. Nous préférons largement autoriser l'ouverture des salles des fêtes qui seront mieux contrôlées, afin de mettre fin aux fêtes clandestines», dit-il. Il précise à cet effet que le Comité scientifique de surveillance du Covid-19 a déjà préparé le protocole sanitaire destiné aux salles des fêtes, dont l'ouverture sera pour bientôt. «Le protocole sanitaire est prêt et je pense que l'ouverture de ces salles ne va pas tarder», assure-t-il. La vaccination, seule solution La sortie de cette crise sanitaire reste, pour le Dr Lyes Akhamouk, tributaire de la vaccination collective de la population. Une campagne qui avait, selon lui, bien commencé au départ mais qui a été ralentie. «Grâce à l'obtention de plusieurs centaines de milliers de doses de vaccin anti-Covid-19, mais aussi à l'idée d'ouvrir des espaces publics en dehors des centres de santé, nous avons actuellement un bon boost de l'opération de vaccination. Aujourd'hui, beaucoup de personnes qui étaient réticentes pour se rapprocher des centres de santé affluent vers ces espaces de proximité pour se faire vacciner», indique-t-il. Il rappelle, à cet effet, l'objectif de la campagne de vaccination pour «protéger les personnes vulnérables, notamment les personnes âgées, les personnes atteintes de maladies chroniques, le personnel de santé, et atteindre par la suite l'immunité collective afin de sortir complètement de la crise sanitaire». Ry. N.