La Présidence du Tchad, dirigé par une junte militaire emmenée par Mahamat Idriss Déby Itno depuis la mort de son père et défunt président Idriss Déby Itno en avril, a assuré jeudi que ses relations avec l'Union africaine (UA) étaient désormais «apaisées». L'organisation panafricaine avait renoncé à suspendre ou même sanctionner le Tchad après que l'armée eut dissout le gouvernement et le Parlement, abrogé la Constitution et nommé, au lendemain du décès de M. Déby, son fils le général Mahamat Idriss Déby Itno, 37 ans, président de la République pour une période de transition de 18 mois renouvelable. Mais l'UA avait toutefois exigé de la junte qu'elle ouvre rapidement un «dialogue national» avec l'opposition et une «transition démocratique» avec des élections «libres, justes et crédibles» dans un délai n'excédant pas 18 mois. Le président du Conseil militaire de transition (CMT) avait rapidement promis un dialogue national et la nomination d'un Conseil national de transition, en charge de la fonction législative, qui se font toujours attendre. Sous la pression internationale, il avait également nommé un «gouvernement de transition» de civils le 2 mai, dirigé par Albert Pahimi Padacké, le dernier Premier ministre de feu Idriss Déby. Le Premier ministre a rencontré jeudi une délégation de la coalition Wakit Tamma, un collectif de partis d'opposition et d'associations de la société civile, qui dénonce notamment «un coup d'état institutionnel» et a appelé à plusieurs reprises à marcher contre le CMT.Les échanges ont porté notamment sur le processus de transition et le dialogue national, a annoncé TV Tchad, la télévision d'Etat. «Le but ultime était aussi de briser la glace parce que nous avons été diabolisés comme quoi Wakit Tamma n'aimait pas le dialogue, avait une position radicale», a déclaré Me Max Loalngar, coordonnateur de la plate-forme d'opposition. «Nous apportons la preuve que nous ne sommes nullement opposés au dialogue», a-t-il ajouté. Le 8 juin, Wakit Tamma s'était déjà dit prêt à participer au dialogue national, tout en exigeant «la mutation du CMT en un conseil républicain de transition avec une composante civile et militaire». Des tensions entre N'Djamena et l'UA étaient apparues quand l'organisation basée à Addis Abeba avait nommé l'ancien chef de la diplomatie sénégalaise Ibrahima Fall «Haut représentant pour accompagner la transition» au Tchad, sans en informer au préalable les autorités tchadiennes, selon N'Djamena. «L'heure est à la décrispation et à l'apaisement», a affirmé jeudi soir la présidence tchadienne dans un communiqué, à l'issue d'une visite d'une délégation de 16 membres de l'UA emmenée par son commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité, Bankolé Adéoyé. «Les divergences sont désormais une convergence de vue et une réelle collaboration afin de mieux mener la transition au Tchad», ajoute la présidence sur son site, avec une photo de Mahamat Déby recevant la délégation. L'UA avait demandé en mai à Mahamat Déby et aux membres du CMT de «respecter l'engagement» qu'ils ont pris de ne pas se présenter aux élections présidentielle et législatives après la transition. Le chef de la junte militaire n'a pas exclu, fin juin, une prolongation de la «transition» avant les élections promises. Idriss Déby Itno, décédé à 68 ans, dirigeait le Tchad d'une main de fer depuis 30 ans. Il a été tué sur le front contre des rebelles le 19 avril en allant commander lui-même son armée, selon N'Djamena.