La justice a ordonné l'arrêt du débrayage d'une semaine annoncé pour ce samedi. Le jugement de la justice rendu par la cour d'Alger concernant la grève du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) a été prononcé en faveur du ministère de l'Enseignement supérieur. La tutelle avait introduit, avant-hier, une action en référé d'heure en heure auprès de la chambre administrative de la cour d'Alger contre ce syndicat. C'est ainsi qu'elle a ordonné l'arrêt du débrayage. La justice a également ordonné l'annulation du mouvement de protestation concernant certaines sections locales du Cnes ayant déposé des préavis de grève. La grève d'une semaine a été, rappelons-le, décrétée pour ce samedi. Cette décision a, comme attendu, suscité l'ire des syndicalistes qui considèrent que «la meilleure méthode pour gérer et régler les conflits sociaux reste le dialogue». «Cette décision dénote, encore une fois, que les pouvoirs publics sont en train d'instrumentaliser la justice pour annuler notre action», a martelé M.Ali Boukaroura, coordinateur national du Cnes, joint, hier, par téléphone. «Au lieu d'engager un dialogue serein avec le partenaire social, la tutelle ne trouve d'autres moyens que le recours systématique à la justice», a-t-il lâché. Le Cnes respectera-t-il la décision de la justice? La position officielle et la démarche à entreprendre par cette organisation syndicale seront connues après la tenue, aujourd'hui, de son Conseil national. Il faut dire que les syndicalistes s'attendaient à une telle action de la part de la tutelle puisque la session du Cnes est restée ouverte et ce depuis le dépôt de leur préavis de grève afin de parer à toute éventualité. Le premier responsable du secteur, M.Rachid Harraoubia avait déclaré, lors de ses dernières sorties médiatiques, que l'option de poursuites judiciaires contre les contestataires n'était pas écartée tout en les appelant au «respect de certaines étapes de la loi». «La grève est un droit consacré par la Constitution. Mais, si la réglementation n'est pas respectée, la tutelle prendra les dispositions qu'il faut», avait-il lancé. Plus explicite, il poursuit: «quand il y a une divergence entre deux parties sur la lecture d'un texte de loi, il n'y a que la justice qui est habilitée à trancher». Tout en appelant au dialogue, M.Harraoubia est allé plus loin dans ses propos pour dire que les protestations au sein de certaines universités du pays «n'ont aucun rapport avec les revendications pédagogiques mais obéissent plutôt à des considérations politiques». Selon lui, les préoccupations des enseignants relatives aux salaires, au statut de l'enseignant et au logement sont prises en charge par son département. Pour rappel, le même scénario s'est produit en février dernier lorsque la chambre administrative du tribunal d'Alger avait décidé l'arrêt de la grève nationale des enseignants du supérieur, décrétée du 25 février au 3 mars 2006. Ainsi, le malaise qui secoue l'université algérienne est loin de connaître son épilogue. La situation est d'autant plus inquiétante qu'on se demande d'ores et déjà à quand le règlement définitif de cette «crise» dont le seul perdant est l'étudiant. Les enseignants réitèrent les mêmes revendications lesquelles sont relatives à la révision de la grille des salaires des universitaires, l'élaboration d'un statut pour l'enseignant du supérieur, le logement social, la démocratisation ainsi que la révision de la politique de gestion de l'université.